Le 28 septembre de chaque année, le monde célèbre la journée mondiale pour le droit à l’avortement.
Le 29 août dernier, une jeune fille d’une vingtaine d’années a été arrêtée et présentée à la presse à Munigi dans le territoire de Nyiragongo. Son pêché le plus grand : avoir avorté.
Des informations du Président de la Jeunesse du groupement Munigi indiquaient que la fille, nouvelle dans cette entité vivait avec son grand frère ailleurs qu’à Munigi. Enceinte, elle sera obligée d’avorter dans une toilette pour y laisser le fœtus.
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C’est après des complices intenses que l’infortunée a été dirigée dans une structure sanitaire de la place. Elle avouera au personnel de santé qu’elle a avortée et que le fœtus a été jeté dans la fosse.
Personne n’a autant voulu comprendre les motivations de son acte, comment a-t-elle été engrossée pour ne pas assumer son acte. Elle a été mise aux arrêts sans autre forme de procès.
Le 12 septembre 2023, un fœtus avait été jeté dans un caniveau, à côté de l’institut Supérieur Pédagogique (ISP) à Bukavu. Cette fois c’est au Sud-Kivu. Un cas parmi des dizaines d’autres dans la ville et plus encore sur l’ensemble de la province.
Au-delà des condamnations dans la communauté, des questions essentielles, des vraies questions ne sont pas posées. C’est notamment la question toujours taboue de l’accès à la contraception pour tout-e-s les jeunes qui désirent vivre leur sexualité sans vouloir être enceinte.
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Au Sud-Kivu comme dans la province voisine du Nord-Kivu et dans le pays, le droit à l’avortement n’est pas reconnu contrairement aux autres car n’ayant pas été suffisamment vulgarisé. Très peu des personnes accèdent à la contraception quand elles ne sont pas mariées.
Ces provinces de la RDC, enregistrent plusieurs cas d’avortement clandestins alors que cette pratique a des conséquences néfastes sur la santé de la mère et peut conduire même à la mort.
« Les filles avortent souvent clandestinement parce qu’elle ne sont pas suffisamment informées sur leurs droits. La RDC a signé le protocole de Maputo, qui dépénalise l’avortement dans certaines circonstances. Ce droit devait être vulgarisé comme tant d’autres pour épargner les jeunes filles et femmes du danger de l’avortement clandestin », explique une militante des droits des femmes.
L’accès à un avortement sûr et légal est un droit!
« Les soins relatifs à l’avortement sont-ils considérés comme des soins de santé fondamentaux? », C’est en tout cas la question que se pose plus d’une femme Congolaise, un pays où l’avortement reste un crime au côté d’autres, peu importe la situation.
Ce vendredi 29 septembre 2023, le Commissaire Général en charge de la Justice au Sud-Kivu Byabagabo Nkubana wa Gahuma a représenté le Gouverneur du Sud-Kivu au lancement de la Journée Internationale pour la dépénalisation de l’avortement.
Celui-ci a rappelé que la République démocratique du Congo a ratifié le protocole de Maputo en 2008 qui, en son article 14, alinéa 2 reconnaît l’avortement dans certaines conditions. Il s’agit du cas de viol, inceste, malformation fœtale mais aussi pour sauver la vie d’une femme et protéger sa santé physique et mentale.
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Il s’agit donc d’un droit humain reconnu.
« Des femmes peuvent user de cette prérogative sans restriction ni crainte de quelconque poursuite judiciaire ».
Une occasion pour les femmes et filles de qui sentent menacées par une grossesse d’avorter en toute quiétude et avoir un suivi médical.
Les organisations féminines des provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu, sont aussi appelées à vulgariser cet article du protocole de Maputo, pour que les femmes Congolaises jouissent pleinement de leurs droits.