Chaque week-end, des jeunes de Bukavu, rejoints par leurs familles, se mobilisent pour nettoyer les rues, les caniveaux et les espaces publics de la ville. Ce mouvement citoyen baptisé « Salongo spécial » redonne un souffle nouveau à la propreté urbaine, transformant une ancienne corvée en véritable rituel communautaire.
Loin d’être une opération administrative classique, cette initiative repose sur l’engagement volontaire des habitants. Balais à la main, brouettes alignées, visages concentrés : les scènes se répètent dans les quartiers de Kadutu, Nyalukemba ou encore sur l’avenue Saio. L’objectif est clair : rendre Bukavu plus propre, plus vivable et digne pour ses citoyens.
« Le Salongo n’est pas une formalité, c’est ici que commence l’amour de notre ville », déclare Bahati Mongane, balai à la main. « Nous ne faisons pas ça parce qu’on nous y oblige, mais parce qu’on veut changer notre quotidien. »
Des mères de famille, entraînées par leurs enfants, se joignent également à l’effort. « Avant, je pensais que ces choses-là, c’était pour les autres. Mais depuis que mes enfants m’ont entraînée, j’ai compris l’importance de montrer l’exemple », confie Maman Béatrice, habitante de Kadutu.
Le mouvement ne se limite pas aux piétons : des propriétaires de véhicules privés prêtent leurs camionnettes pour évacuer les déchets. « J’ai un camion, je le mets au service du quartier chaque samedi », témoigne Djuma Ramazani. « On ne peut pas juste regarder les jeunes suer pendant que nous sommes dans nos salons climatisés. C’est notre ville, c’est notre image. »
Derrière ces gestes simples se dessine une transformation sociale profonde. Le Salongo spécial devient une véritable école de citoyenneté en plein air, où chaque samedi marque une victoire collective sur l’indifférence.
Cet article a été produit dans le cadre du projet « Habari za Mahali », une initiative du consortium RATECO et REMEL, avec le soutien de Media4Dialogue de La Benevolencija.