La gestion des déchets à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, devient un problème de plus en plus préoccupant. Parmi ces déchets, les Pampers usagés constituent un défi particulier pour les familles, attirant l’attention des observateurs de l’environnement et du développement durable.
S’ils jouent un rôle essentiel dans l’hygiène infantile, ces produits deviennent, après usage, un véritable casse-tête pour de nombreuses familles, en particulier pour les femmes. Mal éliminés, ces déchets contribuent fortement à l’insalubrité croissante dans la ville.
Une menace écologique omniprésente
Les Pampers usagés sont aujourd’hui visibles partout : dans les rues, les caniveaux, les ruisseaux, les rivières comme la Ruzizi, voire dans le lac Kivu.
Jetés sans précaution, ils polluent gravement les écosystèmes aquatiques, obstruent les canaux de drainage, et dégradent l’environnement urbain. Composés principalement de plastique et de coton, ils mettent plusieurs centaines d’années à se décomposer. Leur accumulation engendre également des perturbations dans la fourniture d’électricité, notamment par l’encombrement des installations hydroélectriques.
Une alternative surprenante : les Pampers comme combustible
Face à l’impossibilité de gérer rationnellement ces déchets, certaines femmes de Bukavu ont mis au point une méthode inattendue pour les réutiliser.
Après les avoir lavés et débarrassés du coton mouillé, elles conservent la partie en plastique, qu’elles utilisent comme combustible pour allumer le feu de cuisson. Cette pratique, issue de l’initiative locale, permet de réduire l’usage de combustibles traditionnels comme le bois, les papiers ou les sachets plastiques.
« C’est une manière pour nous de contribuer à la lutte contre l’insalubrité et le changement climatique. En adoptant cette pratique, nous réduisons la quantité de déchets jetés dans l’environnement, limitant ainsi la pollution des sols et des eaux, la pression sur les ressources forestières locales et la nécessité de brûler d’autres types de déchets », confie une mère de famille rencontrée dans le quartier Ndendere.
Pour elle et d’autres femmes, cette pratique offre une double utilité : elle limite la prolifération des déchets dans leur environnement immédiat et réduit la dépendance aux combustibles classiques, traditionnellement composés de morceaux de bois, de pétrole, de papier ou de sachets plastiques.
Une solution ingénieuse mais controversée
Cette initiative locale révèle une certaine résilience et une capacité d’adaptation des communautés face aux défis environnementaux. Toutefois, elle ne règle pas le problème global de la gestion des déchets liés aux Pampers. Elle met en lumière la nécessité d’imaginer des solutions plus créatives, encadrées et durables.
Mais au-delà de son aspect pratique, cette méthode de réutilisation soulève de sérieuses interrogations sanitaires. La combustion du plastique libère des substances toxiques dangereuses pour la santé humaine et pour l’atmosphère. Ce recyclage artisanal, bien qu’intentionnellement écologique, pourrait avoir des effets néfastes à long terme s’il n’est pas remplacé par des alternatives plus sûres.
Vers une politique locale de gestion des déchets ?
Le cas des Pampers usagés à Bukavu illustre le besoin urgent d’une politique de gestion des déchets cohérente et adaptée. L’éducation environnementale, la création de points de collecte, le recyclage industriel ou encore des incitations communautaires sont autant de pistes à envisager.
Lire aussi : Insalubrité dans les marchés de Bukavu: la Mairie parle d’insuffisance des moyens
En attendant des mesures concrètes, les Pampers usagés à Bukavu continuent de jouer un double rôle paradoxal : soulager les mères au quotidien tout en pesant lourdement sur l’environnement urbain.