Des menstruations de plus en plus précoces : une tendance lourde de conséquences pour la santé des femmes

Des menstruations de plus en plus précoces : une tendance lourde de conséquences pour la santé des femmes
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Selon une analyse publiée par France Info s’appuyant sur des données de l’Institut national d’études démographiques (Ined) et d’autres travaux récents, les filles en France ont aujourd’hui leurs premières règles en moyenne quatre ans plus tôt qu’au XVIIIe siècle. Alors qu’en 1750, l’âge moyen des premières menstruations était de 16 ans, il est désormais estimé à environ 12 ans et 2 mois selon une enquête menée en 2023 par l’association Règles Élémentaires.

Cette évolution, bien que relativement stable depuis deux à trois décennies, n’est pas anodine. L’entrée précoce dans la puberté peut avoir des effets durables sur la santé des femmes. Des scientifiques ont établi des liens entre l’âge des premières règles et le risque de développer certaines maladies chroniques à l’âge adulte.

L’alimentation, le poids, l’environnement : des pistes multiples

Les causes exactes de cette précocité menstruelle restent en partie mystérieuses. Toutefois, plusieurs facteurs sont suspectés. D’une part, l’amélioration de la nutrition au fil des siècles, mais aussi l’augmentation du surpoids chez les jeunes filles, semblent jouer un rôle important. Une étude américaine publiée en mai 2025 montre que les jeunes filles ayant une alimentation saine ont tendance à avoir leurs règles plus tard, tandis que celles en surpoids les ont plus tôt.

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Des facteurs environnementaux, comme l’exposition aux perturbateurs endocriniens, au stress, ou encore des variations géographiques, sont également envisagés. En 2023, des chercheurs français ont constaté que les filles vivant dans le sud de la France ont leurs premières règles trois à quatre mois plus tôt que celles du nord, peut-être en lien avec une plus forte exposition au soleil et aux UV, qui influenceraient certaines hormones.

Une puberté trop précoce ou trop tardive peut nuire à la santé

L’âge des premières règles peut avoir une incidence majeure sur la santé future. Une étude brésilienne récente, présentée lors du congrès annuel de l’Endocrine Society à San Francisco, a mis en évidence des risques accrus de maladies chroniques chez les femmes ayant eu leurs règles avant 10 ans. Elles sont statistiquement plus touchées par le diabète, l’hypertension, l’obésité, les maladies cardiovasculaires et la pré-éclampsie.

À l’inverse, une puberté survenant après 15 ans semble associée à un risque plus élevé de maladies cardiaques, ainsi qu’à une fragilité osseuse accrue (ostéoporose, fractures). Les scientifiques évoquent même la possibilité, dans certains cas, d’agir pour retarder médicalement l’apparition des règles afin de prévenir certains troubles de santé.

Vers une médecine préventive personnalisée ?

Même si beaucoup reste à découvrir sur les mécanismes hormonaux et le cycle menstruel, les connaissances actuelles permettent déjà d’identifier des facteurs de risque précoces pour des pathologies adultes. À terme, cette compréhension fine pourrait aider les professionnels de santé à adapter le suivi médical des femmes en fonction de leur historique menstruel, dans une optique de prévention ciblée.

Suzanne Baleke

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