Le ministre provincial de l’Environnement, Didier Kabi, interpelle les habitants du Sud-Kivu sur leur responsabilité face à la dégradation et à la destruction massive du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB). Il promet de prendre des mesures urgentes pour mettre fin à cette criminalité environnementale dans le but de protéger ce patrimoine mondial.
Cette annonce fait suite aux alertes lancées par des organisations de la Société civile concernant la destruction massive du PNKB due à l’exploitation illégale de la flore et de la faune.
Didier Kabi indique qu’au-delà des mesures que les autorités provinciales doivent prendre pour sauver le PNKB, la population doit également réfléchir aux moyens d’accompagner les autorités dans la protection de ce site afin de prévenir les conséquences de cette dégradation de l’environnement.
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Il regrette que des arbres soient coupés de manière anarchique et illégale par certaines personnes pour en faire du bois et du charbon de bois.
« Ce site unique, qui abrite les gorilles de Grauer et d’autres espèces endémiques, subit une déforestation massive ainsi qu’une exploitation illégale et incontrôlée de ses ressources naturelles, incluant le charbon de bois, le bois de chauffage, les planches, et de l’autre côté, les ressources minières exploitées par des groupes armés incontrôlés. Ces activités se déroulent principalement dans le territoire de Kalehe, notamment à Katasomwa, où je me suis rendu personnellement. Tout cela met en péril l’équilibre écologique du parc et augmente le risque de catastrophes environnementales, comme les inondations récentes à Kalehe, qui ont causé des pertes en vies humaines », rappelle le ministre de l’Environnement.
Didier Kabi explique que le dérèglement climatique que nous vivons actuellement est la conséquence directe de cette destruction massive de l’environnement.
« La saison culturale A, qui devrait normalement commencer en septembre, n’a vu les premières pluies qu’au mois de novembre, et cela aura un impact considérable sur la production agricole que Kalehe et Kabare peuvent fournir à la province pour cette saison A. »
Le Ministre Kabi estime que la situation exige une action urgente.
« Il est impératif que nous, les autorités provinciales, réfléchissions d’abord aux types de mesures à prendre, et ensuite que notre population se sente également responsable. Les conséquences de la déforestation du parc ne concernent pas uniquement les autorités ; la population elle-même a un rôle essentiel à jouer. La question de l’environnement ne peut être laissée aux seules autorités provinciales ».
Didier Kabi rapporte qu’au cours de sa visite de terrain, le lundi 11 novembre, la population de Kalehe a affirmé que 90 % des produits forestiers sont transportés du Sud-Kivu via le port de Kasheke vers le Nord-Kivu via le port de Kituku.
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Ces produits, notamment le charbon de bois, le bois de chauffage et les planches, proviennent en grande partie du Parc National de Kahuzi-Biega.
Il regrette que les personnes qui détenaient des concessions autour du PNKB aient déjà exploité leurs concessions depuis plus de trois ans.
« Là où l’on peut encore retrouver des arbres, c’est uniquement dans le Parc National de Kahuzi-Biega. La situation est grave, et il est nécessaire que le gouvernement provincial prenne des mesures répressives, car l’absence de telles mesures et de moyens de surveillance favorise cette criminalité environnementale ».
Le ministre rappelle que la dégradation continue des corridors écologiques, essentiels pour le déplacement et la reproduction de la faune et de la flore, risque de provoquer un problème de consanguinité, menaçant ainsi la biodiversité animale.
Didier Kabi assure que cette question de destruction environnementale préoccupe le gouvernement provincial, qui fait de la protection de l’environnement une priorité. Il annonce que des mesures de protection seront prises pour mettre fin à cette criminalité environnementale.
Il convient de rappeler que le 12 septembre 2024, des écologistes ont dénoncé la destruction massive du PNKB, déplorant le silence qu’ils ont qualifié de complice de l’ICCN, l’organisme censé protéger ce patrimoine mondial.