Le Lycée Lubusha, institution catholique emblématique de la cité minière de Luisha, vit sous pression. Non pas celle des examens, mais celle des excavatrices. Entouré par des activités minières toujours plus intrusives, l’établissement se retrouve aujourd’hui au cœur d’un bras de fer opposant éducation et exploitation du sous-sol.
Ce mardi 09 décembre 2025, les élèves ont décidé de rompre le silence. Dans un geste rare et déterminé, ils ont dénoncé publiquement les menaces qui pèsent sur leur sécurité et leur avenir, dénonçant « une école littéralement encerclée par des activités illégales » menées, selon eux, par les entreprises COMILU et Excellence Minérale.
Accompagnés de Mgr Denis Moto, vicaire général de l’archidiocèse de Lubumbashi, les élèves ont marché vers les institutions provinciales pour remettre un mémorandum coup de poing à l’Assemblée provinciale et au gouvernorat.
« Notre école, lieu d’apprentissage, de sport et de protection, est en train de devenir un champ de menaces à cause des activités minières illégales. Nous étudions entre le bruit, les poussières toxiques et les vibrations », a déclaré une élève, porte-parole de ses camarades.
Dans leur document, les élèves accusent les deux sociétés minières d’opérer en violation flagrante de la Constitution, du Code minier et des règles élémentaires de protection des enfants. Ils dénoncent une « impunité normalisée », entretenue selon eux par l’inaction ou la complaisance de certains responsables administratifs.
À quelques mètres des salles de classe, les machines creusent, dynamitent, chargent et rejettent poussières et vibrations. Un environnement jugé toxique et indigne d’un cadre scolaire.
Reçus par Michel Kabwe, président de l’Assemblée provinciale, puis par le gouverneur intérimaire Martin Kazembe, les élèves ont annoncé une position claire : pas question de délocaliser le Lycée Lubusha.
Ils demandent plutôt à l’État de « faire respecter la loi » et de mettre fin à l’installation des mines dans cette zone protégée.
Face à cette mobilisation atypique et au courage affiché par ces jeunes, les autorités provinciales ont promis d’agir. Elles se sont engagées à examiner le dossier et à soutenir les démarches visant à préserver l’établissement.
Reste à savoir si ces engagements survivront au choc des intérêts économiques. Le Haut-Katanga, riche en cobalt et en cuivre, porte encore les stigmates d’années de tensions entre communautés locales, entreprises et autorités.
Le sort du Lycée Lubusha, symbole d’éducation et de stabilité, devient ainsi un test majeur : celui de la capacité des institutions à faire prévaloir le droit sur la rente minière.

