Journée Internationale des célibataires : le psychologue Daniel Mbungu alerte sur les risques psychologiques liés à la stigmatisation

Le Psychologue Daniel Mbungu. Pour la JI des célibataires
Le Psychologue Daniel Mbungu.

À l’occasion de la Journée Internationale des célibataires, célébrée chaque 11 novembre, le psychologue clinicien et chercheur à l’Université Officielle de Bukavu (UOB), Daniel Mbungu, attire l’attention sur les risques auxquels sont confrontés les célibataires, en particulier les femmes, dans la société africaine. Selon lui, les célibataires, surtout celles ayant atteint un certain âge, sont souvent perçus comme « incomplets », suspects ou socialement inutiles, une stigmatisation qui peut avoir un impact psychologique profond.

« Cette pression sociale constante peut entraîner des troubles de l’estime de soi, de l’anxiété, voire des dépressions chroniques, et dans des cas extrêmes, des troubles mentaux graves », explique Mbungu dans un entretien à La Prunelle RDC.

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Le psychologue souligne que certaines femmes choisissent de rester célibataires pour des raisons personnelles, professionnelles ou spirituelles, tandis que d’autres se retrouvent dans cette situation à cause de circonstances indépendantes de leur volonté, comme le manque d’opportunités, des expériences relationnelles traumatiques ou des responsabilités familiales précoces.

Pour Mbungu, il est crucial de comprendre que la norme sociale concernant le célibat est relative. « Le célibat ne doit pas être interprété systématiquement comme un échec. Une personne peut être épanouie, productive et stable sans être mariée », précise-t-il.

Il ajoute que, dans certaines cultures, les stéréotypes liés au célibat peuvent servir de mécanisme de régulation sociale pour inciter les jeunes à s’engager tôt dans la vie familiale.

« Mais dès lors que ces stéréotypes génèrent honte, rejet ou souffrance, ils cessent d’être utiles », avertit-il, citant des cas de dépression sévère, d’isolement et même de suicide chez des jeunes célibataires brillants et aimants.

Comparativement aux personnes mariées, les célibataires ne bénéficient pas des mêmes privilèges sociaux.

« Les personnes mariées sont généralement perçues comme plus responsables, stables et respectables, valorisées dans les cérémonies et les décisions familiales ou communautaires. Les célibataires, même mûrs et compétents, sont parfois considérés comme incomplets », déplore Mbungu.

Cependant, sur le plan professionnel, le statut matrimonial importe moins. « Nous avons des chefs d’établissement, des médecins, des professeurs, des prêtres célibataires qui encadrent des communautés entières, y compris des couples mariés. Leur célibat n’est en rien une limite à leur capacité », précise le psychologue.

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Enfin, Daniel Mbungu lance un appel aux parents pour qu’ils cessent d’exercer une pression pouvant nuire à l’estime de soi de leurs enfants et provoquer désespoir ou souffrance. Il recommande de valoriser chaque enfant à sa juste valeur et rappelle que le mariage est une étape importante, mais pas une condition pour mériter respect, amour ou reconnaissance.

« Chers parents, arrêtons de comparer, de juger, de blâmer. Chaque parcours est unique. Votre rôle est d’accompagner, soutenir et protéger le bien-être psychologique de vos enfants, et non de le mettre en péril », conclut-il.

Suzanne Baleke

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