Le 1er octobre 2025, le monde célèbre la Journée internationale du café, une occasion de mettre à l’honneur cette boisson universelle qui relie cultivateurs et consommateurs. Cette année, le thème « Plus que jamais, la collaboration au service de l’action collective » résonne particulièrement en République démocratique du Congo (RDC), où le café constitue à la fois un héritage familial, un levier socio-économique et une source d’innovations uniques.
À Uvira, au Sud-Kivu, Solange Kwindja N. Kahiriri, coordinatrice de la Société Coopérative Agricole Heshima, incarne cette dynamique. Issue d’une famille de planteurs, elle a fondé sa coopérative en 2014 afin de soutenir les producteurs souvent marginalisés, notamment les métayers, dans une filière longtemps dominée par de grandes entreprises occidentales.
Lire aussi : JIJ : La Société « Heshima Coffee » visite des malades de l’Hôpital Militaire de Bukavu
« Nous n’avons pas de crédits agricoles, nous nous autofinançons », confie-t-elle à La Prunelle RDC, rappelant les difficultés de poursuivre la production avec des moyens limités. Un partenariat avec l’Office national des produits agricoles du Congo (ONAPAC) offre certes un appui technique, mais l’absence de soutien financier extérieur reste un frein majeur.
Pour Solange, les obstacles sont structurels :
« Les défis sont énormes car la plupart des gens qui ont le monopole du café sont des Occidentaux. Ce sont eux qui détiennent les grandes entreprises de torréfaction, le monopole d’achat et les coffee shops internationaux. Ici, en RDC, il n’y a pas de crédits agricoles. Nous travaillons avec nos moyens de bord, nous nous autofinançons et parfois, il devient difficile de bien poursuivre la campagne agricole. »
Au-delà de la production, Heshima défend une vision : unir toutes les générations autour du café pour construire un avenir durable et équitable.
« Nous voulons promouvoir le café congolais. Avec le café que nous transformons, c’est un café pour toute une génération, choix du moment. Nous voulons associer toutes les catégories, âges confondus, dans la filière café et sur une même table de négociation : de l’installation du germoir à la commercialisation. Nous savons que seul, on peut faire mieux, mais ensemble, on peut aller plus loin. »

La coopérative Heshima ne se limite pas au café comme boisson. Elle est la seule entreprise de la région reconnue pour la production de savons à base de café. Son produit-phare, le savon « Kitoko Sabuni », rencontre un succès croissant dans la région des Grands Lacs et même au-delà du continent africain.
« Le café n’est pas seulement une boisson pour nous, c’est aussi un soin pour la peau », explique Solange, présentant ce savon naturel comme un secret bien-être qui offre une peau saine et éclatante.
Lire aussi : JIF 2024 : Kwinja Solange, un modèle dans l’agripreneuriat au Sud-Kivu
En ce jour symbolique, l’histoire de Solange Kwindja et de la coopérative Heshima rappelle que le café congolais est bien plus qu’un produit agricole : c’est un vecteur d’unité, un moteur de changement social et économique, et une source d’inspiration. À travers la collaboration entre cultivateurs, transformateurs et consommateurs, une nouvelle voie se dessine pour bâtir une filière plus juste, durable et ancrée dans ses racines.
Abdallah Mapenzi