Des habitants du groupement d’Irhambi-Katana, au nord du territoire de Kabare (Sud-Kivu), alertent sur une sécheresse agricole qui ravage leurs cultures depuis plus d’un mois en raison de l’absence prolongée de pluies. Plusieurs champs sont déjà touchés dans des villages comme Kabushwa, Kahungu, Cegera, Kamusihe, Mulangala, Cirehe et Maziba, où les plants de haricots, oignons, maïs, arachides et manioc ne croissent plus, leurs feuilles jaunissent ou sèchent totalement, alors que de nombreuses familles attendaient la période de récolte.
Joint par La Prunelle RDC, l’agriculteur Emery Murhula indique que la situation perdure depuis septembre.
Après quelques pluies survenues pendant la saison sèche, « il n’y a plus eu d’autres pluies à partir de ce mois, alors que plusieurs agriculteurs avaient déjà lancé leur saison culturale », explique-t-il.
Selon lui, un soleil particulièrement accablant s’est installé à partir du 20 septembre, puis jusqu’au 25 octobre, détruisant les premières cultures.
« Tous ceux qui avaient déjà cultivé ont vu leurs champs endommagés. Le 20 et le 25 octobre, d’autres paysans ont lancé la saison culturale A, mais deux semaines après, un grand soleil s’est installé à nouveau jusqu’à aujourd’hui », poursuit-il.
Face à cette situation, les agriculteurs redoutent une famine, une baisse de la qualité des productions, ainsi qu’une destruction quasi totale des cultures.
Pour Emery, cette sécheresse inhabituelle dans la région serait liée à la déforestation dans le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB), aggravée ces derniers mois.
« C’est une calamité extrême puisque même ceux qui avaient cultivé plus tôt ont perdu leurs champs. Cela serait dû au changement climatique, en attendant les recherches que les experts du CRSN Lwiro envisagent de mener », ajoute-t-il, rappelant qu’en 2020, l’exploitation minière sur la rivière Nyaweza, également dans le PNKB, avait déjà asséché plusieurs sources d’eau.
La déforestation dans le parc s’est intensifiée après l’occupation d’une grande partie du Sud-Kivu par le groupe armé AFC-M23, laissant dénudées des montagnes comme Mabingu et Kahungu, autrefois couvertes d’arbres.
Cette sécheresse survient alors que de nombreuses familles espéraient tirer des revenus de leurs récoltes pour payer les frais scolaires, investir dans de petites activités commerciales ou simplement s’assurer de la nourriture dans un contexte marqué par une forte dégradation socioéconomique.
Dans un groupement où au moins 80 % des habitants vivent de l’agriculture, cette crise souligne l’urgence d’une sensibilisation accrue à la protection environnementale, notamment à l’adoption de pratiques modernes adaptées aux changements climatiques. Les agriculteurs de Katana appellent à un soutien rapide pour éviter le pire.

