Après sept années d’intervention dans le territoire de Kindu, l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) a mis fin à ses activités médicales à Salamabila, où elle apportait une assistance vitale aux survivantes de violences sexuelles et à des milliers d’autres patients. L’organisation humanitaire tire ainsi le bilan d’une présence marquée par des résultats significatifs en matière de santé publique.
Dans un communiqué rendu public, MSF indique qu’entre 2018 et 2025, 16 436 survivantes de violences sexuelles ont bénéficié d’une prise en charge médicale et psychosociale.
Au total, 113 000 personnes ont été vaccinées contre la rougeole, 411 000 cas de paludisme soignés, et 26 817 enfants souffrant de malnutrition aiguë traités.
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Selon MSF, les progrès enregistrés sont notables :
« Entre 2019 et 2024, le taux de décès maternels a été divisé par vingt et le taux de mortalité due à la malaria par deux », précise le communiqué.
Avant de clore son intervention, MSF a remis au ministère de la Santé les nombreuses infrastructures qu’elle avait construites ou réhabilitées dans la zone de santé de Salamabila.
Il s’agit notamment du bloc opératoire du centre de santé de Kayembé, des maternités et salles de consultation dans plusieurs centres de santé, ainsi que des structures de traitement des déchets et des puits d’eau potable dans les huit centres de santé appuyés.
L’organisation a également modernisé l’hôpital de Salamabila, en y réhabilitant les services d’urgences et de maternité, et en y créant les départements de pédiatrie, néonatalité et malnutrition aiguë.
136 panneaux solaires y ont été installés, rendant l’établissement totalement autonome en électricité.
« Avant MSF, Salamabila n’était qu’un petit centre de santé. MSF a presque tout bâti et en a fait le deuxième hôpital de la province », témoigne le médecin chef de zone, Dr Charles Bamavu.
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Pour assurer la continuité des soins après son départ, MSF a formé 13 agents de santé reproductive, désormais capables de prendre en charge les survivantes de violences sexuelles, ainsi qu’une centaine d’agents de santé curative aptes à détecter et traiter les cas de malaria dans les communautés.
MSF alerte néanmoins sur la nécessité de maintenir une assistance humanitaire à Salamabila et dans le Maniema en général, une province parmi les plus enclavées du pays.
« En 2024, le Maniema n’a reçu que 2,5 % des financements alloués par le Fonds Humanitaire de la RDC. Ce sous-financement chronique compromet l’accès aux soins de la population », avertit le communiqué.
Pour Issa Moussa, représentant de MSF, les défis restent énormes :
« Malgré l’impact tangible de notre intervention depuis 2018, l’ampleur des besoins multisectoriels reste immense. L’insécurité, l’éloignement des structures de santé et le coût élevé des transports limitent fortement l’accès aux soins. Depuis la fermeture de l’aéroport de Bukavu, l’acheminement des médicaments et du personnel vers Salamabila est devenu plus long, complexe et onéreux, bien qu’encore possible par voie aérienne. »
MSF appelle enfin les autorités locales et nationales, ainsi que les acteurs humanitaires, à « garantir l’accès sûr aux soins » et à « faciliter la distribution de l’aide humanitaire » dans cette région longtemps marginalisée.
Après sept ans d’un travail de proximité qui aura profondément marqué Salamabila, le départ de MSF laisse derrière lui un système de santé renforcé — mais aussi des besoins persistants pour une population encore vulnérable.

