Le gouvernement congolais a renforcé, par l’Arrêté ministériel n° 00734/CAB.MIN/MINES/01/2025, les mesures visant à sécuriser sa chaîne d’approvisionnement minier et à assécher les sources de financement des groupes armés. Le Ministre des Mines a ainsi prolongé de six mois le statut « Rouge » — synonyme d’interdiction totale d’exploitation et de commercialisation — pour 37 sites miniers stratégiques situés dans les territoires de Masisi (Nord-Kivu) et de Kalehe (Sud-Kivu).
Cette décision s’inscrit dans une riposte économique directe face à ce que Kinshasa qualifie d’« agression » extérieure et de déstabilisation orchestrée par des forces négatives et des puissances voisines. Les sites concernés, riches en cassitérite, coltan et or, comptent parmi les gisements les plus indispensables pour l’industrie mondiale de la haute technologie.
Des localités emblématiques comme Rubaya figurent sur la liste. Selon les considérants de l’Arrêté, ces zones sont régulièrement exploitées pour financer la guerre via des circuits illégaux impliquant agresseurs, groupes armés et acteurs externes. Le gouvernement se fonde notamment sur les rapports du Groupe d’experts des Nations Unies, qui documentent l’usage du territoire congolais pour fournir un soutien logistique et militaire à une puissance étrangère et à des mouvements rebelles.
Le maintien de ces sites sous statut « Rouge » constitue un message fort adressé à la communauté internationale. L’Arrêté prévoit cependant une possibilité de levée progressive : l’Article 2 autorise un audit indépendant, conduit par des organismes reconnus tels que l’OCDE, le FOCDE ou la CIRGL, en vue d’une éventuelle « requalification » des sites. Cette procédure vise à garantir le respect strict des normes internationales de diligence raisonnable et de traçabilité, condition indispensable pour réintégrer un site dans une chaîne d’approvisionnement légale et sans lien avec le financement des conflits.
Pour le Ministère des Mines, ce verrouillage constitue un acte de souveraineté essentiel. L’objectif est clair : couper l’oxygène financier aux réseaux de contrebande dont les bénéfices alimentent les violences persistantes au Nord et Sud-Kivu.
Joseph Aciza





