Après plus de 15 mois de suspension de ses activités, la raffinerie « Congo Gold », située dans la province du Sud-Kivu, a enfin reçu sa licence d’exploitation, une décision qui marque un tournant décisif pour l’industrie aurifère en République Démocratique du Congo (RDC). La mesure a été saluée par les acteurs du secteur, qui y voient un geste courageux du ministre des Mines actuel, remettant ainsi en marche un projet vital pour la région après que son prédécesseur ait retiré la licence de l’entreprise à la veille de son lancement.
La remise de cette licence par le ministre des Mines actuel est un acte salutaire pour remettre de l’ordre dans le secteur minier. Contrairement à son prédécesseur, qui avait suspendu l’agrément de la raffinerie en juillet 2023 sous prétexte qu’elle n’avait pas respecté les obligations sociales, notamment la soumission d’un cahier des charges, le ministre actuel a choisi de restaurer la licence, permettant ainsi à « Congo Gold » de reprendre ses activités.
Ce soutien est perçu comme un signal fort de la volonté de l’État de mettre fin à la fuite de ressources minières, en particulier l’or, vers les pays voisins. Il s’agit aussi de favoriser un contrôle plus strict de l’exploitation de l’or en RDC et de redonner de l’élan à l’industrialisation du secteur minier.
Cependant, des questions demeurent. En effet, la fiscalité reste un point de friction majeur : la raffinerie doit-elle bénéficier d’un allégement fiscal similaire à celui dont jouissent ses homologues au Rwanda ou en Ouganda, où les taux d’exportation de l’or sont très faibles, proches de 0 % ? Certains estiment que pour rendre « Congo Gold » compétitive, un taux d’exportation réduit (de l’ordre de 0,25 %) serait plus approprié, et ce, afin de favoriser sa compétitivité sur le marché international.
En outre, la RDC doit éviter que ses ressources naturelles continuent à être exportées sous forme brute. Ce phénomène prive le pays de la valeur ajoutée qui pourrait être générée par le raffinage local. Si la raffinerie congolaise ne parvient pas à démarrer rapidement, d’autres pays voisins, comme le Rwanda ou l’Ouganda, pourraient continuer à attirer l’or brut congolais, ce qui constituerait un manque à gagner pour la RDC.
Une autre initiative suggérée pour renforcer l’industrie de l’or en RDC est un partenariat entre « Congo Gold » et « Primera Gold », devenue « DRC Gold Training » ; une entreprise d’État qui achète de l’or artisanal.
Un tel partenariat pourrait permettre de mieux structurer la chaîne de valeur de l’or, avec une vente directe à la Banque Centrale de la RDC, et un traitement local de l’or en produits finis, comme des bijoux.
Cela aurait des répercussions positives sur l’emploi, réduirait les importations de bijoux et contribuerait à la stabilité économique du pays en augmentant ses réserves en or. Ce partenariat pourrait être la clé pour éviter l’exportation systématique de l’or brut et inciter les acteurs privés à investir dans des projets industriels à forte valeur ajoutée.
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Il est crucial que les autorités nationales et provinciales s’engagent pleinement pour que la Raffinerie « Congo Gold » puisse devenir un moteur de développement économique pour la province du Sud-Kivu.
Les acteurs politiques et économiques locaux doivent également se mobiliser pour soutenir la raffinerie et contribuer à sa mise en activité. En effet, le succès de ce projet pourrait renforcer la crédibilité de la RDC en tant que pays capable de gérer ses ressources naturelles de manière bénéfique pour sa population.
Le temps est venu de mettre en place une fiscalité incitative et des politiques de soutien pour l’industrie minière, afin de créer un environnement favorable à l’investissement, tant national qu’international. Les autorités provinciales, en collaboration avec les acteurs du secteur privé, doivent également réfléchir à la manière de diversifier l’industrie aurifère en développant d’autres raffineries et en encourageant la production locale de bijoux, ce qui permettrait de capter davantage de valeur ajoutée et de créer des emplois durables pour la population.
Disons enfin que la remise de la licence à « Congo Gold Raffinerie » est une étape positive, mais elle doit s’accompagner d’une action concrète et d’un engagement fort de la part des autorités locales et nationales pour garantir la mise en marche effective de l’usine.
Ce projet représente une opportunité unique pour la province du Sud-Kivu et la RDC de tirer parti de leurs ressources aurifères, d’industrialiser le secteur et de créer une véritable chaîne de valeur autour de l’or.
Les autorités doivent donc agir rapidement pour lever les obstacles et assurer la pérennité de ce projet stratégique, afin de ne pas laisser passer cette occasion cruciale pour le développement économique du pays.