Le silence autour de l’hygiène menstruelle et intime expose de nombreuses jeunes filles à des risques sanitaires évitables. Nyamugaragaza Bugini, chef du département de la Santé sexuelle et de la Reproduction à la Division provinciale de la Santé du Sud-Kivu, appelle les parents à briser les tabous pour protéger la santé et la dignité des adolescentes.
Dans un entretien accordé à La Prunelle RDC, Nyamugaragaza alerte : « Dans nos communautés, parler des organes génitaux ou de sexualité est encore perçu comme un tabou. Cette culture du silence prive les jeunes filles d’informations essentielles sur leur corps, les rendant vulnérables aux infections et aux maladies liées à une mauvaise hygiène intime. »
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Briser le silence pour prévenir les maladies
Selon lui, il est crucial que les adolescentes reçoivent une éducation adéquate dès leur jeune âge sur l’hygiène menstruelle et intime.
« Il faut parler aux jeunes filles, car elles manquent d’expérience. En ignorant les règles élémentaires d’hygiène, elles risquent de déstabiliser leur flore vaginale, ce qui peut entraîner des maladies graves », explique-t-il.
Il recommande une hygiène simple mais rigoureuse pendant et après les règles : « Il suffit de savoir comment recueillir le sang menstruel à l’aide de serviettes hygiéniques ou de linges propres. Même après la fin des règles, des résidus peuvent encore apparaître. Il est donc utile de porter un petit mouchoir ou linge entre la vulve et le sous-vêtement. L’usage de produits cosmétiques est à éviter. »
L’internet, une source à utiliser avec prudence
Face au manque de communication familiale sur les questions sexuelles, de nombreux jeunes se tournent vers Internet et les réseaux sociaux. Mais cette source d’information peut être à double tranchant, avertit le spécialiste.
« Internet est un fourre-tout. Il ne faut pas suivre aveuglément tout ce qu’on y trouve. Certaines informations peuvent être utiles, mais en cas de doute ou de problème, mieux vaut consulter un professionnel de santé », insiste-t-il.
Il rappelle que certains médicaments présentés en ligne ne conviennent pas à tout le monde.
« Un médicament peut être prescrit dans un contexte médical précis. Il est donc dangereux de le recommander à quelqu’un d’autre sans avis médical. »
Règles douloureuses : toutes ne sont pas liées à une infection
Nyamugaragaza souligne également que toutes les douleurs menstruelles ne sont pas synonymes d’infection.
« Environ 30 % des femmes souffrent de dysménorrhée, souvent liée à la position du clitoris ou à la constitution physique. Dans certains cas, une grossesse peut soulager ces douleurs, mais ce n’est pas une solution universelle. Chaque femme est différente. »
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Il appelle donc à une approche individualisée et respectueuse du corps féminin, basée sur l’écoute, la prévention et l’accès à des soins de santé de qualité.
Vinciane Ntabala