Sud-Kivu : La Société Civile exige des sanctions contre les responsables de la libération de 14 chinois arrêtés pour exploitation minière illégale

Société Civile du Sud-Kivu

Le Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu dénonce fermement la libération par la Direction Générale de Migration (DGM) de quatorze citoyens chinois, sur les dix-sept arrêtés pour exploitation illégale des minerais dans le territoire de Walungu. Dans un communiqué publié ce vendredi 27 décembre 2024, la Société civile qualifie cet acte d’ « irresponsable et humiliante » pour la province et ses communautés, appauvries par ces pratiques.

Ces Chinois, arrêtés sur le site minier de Karhembo après des alertes de l’élue de Walungu, Béatrice Nanvano Nyakarhema, avaient reconnu produire 500 grammes d’or par jour depuis 2021.

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Selon les estimations, cette exploitation illégale représente environ 750 kg d’or, soit une valeur de 45 millions de dollars, alors que le budget annuel de la province peine à atteindre 3 millions de dollars.

« Pendant tout ce temps, aucun paiement n’a été effectué à la province, ni à la chefferie locale, ni au niveau national, et aucun cahier des charges n’a été signé avec la communauté », déplore la Société civile.

La mission d’investigation, menée par une délégation provinciale incluant le ministre des Finances Bernard Muhindo, avait constaté que ces Chinois opéraient sur un site où ils étaient censés construire des routes. En réalité, ils exploiteraient illégalement des mines tout en déviant le lit de la rivière Kadubo, causant des dégâts environnementaux majeurs.

La mission avait également signalé la présence de 150 militaires des FARDC et une vingtaine de policiers sur le site, qui avaient initialement refusé l’accès à la délégation. Pendant ce temps, des zones telles que la plaine de la Ruzizi et les hauts plateaux d’Uvira font face à une insécurité croissante due au manque de moyens sécuritaires.

Réactions face à une libération jugée frauduleuse

Malgré l’ordre du Chef de l’État de ne pas libérer ces individus, quatorze d’entre eux ont été transférés à la frontière par la DGM et expulsés via le Rwanda.

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Selon la DGM, ils disposaient de visas touristiques invalides, justifiant leur expulsion. Cependant, la société civile fustige le fait qu’au lieu d’être placés en prison, ces Chinois ont été logés dans des hôtels de Nguba avant leur départ.

« Cette situation met en lumière un manque flagrant de collaboration entre les services de sécurité et le gouvernement provincial », a déclaré Me Néné Bintu Iragi, Présidente du Bureau de Coordination. Elle exige des explications du commissaire provincial de la police, du service d’investigation du gouverneur et de la DGM.

Questions et dénonciations

La société civile s’interroge sur le sort des 3 kg d’or et des 300 000 dollars proposés en guise de pot-de-vin, qui n’ont pas été saisis. Elle déplore également que d’autres Chinois continuent leurs activités sur le site, en toute impunité.

« Au-delà des sanctions, il est urgent de garantir une exploitation licite et légale des minerais par des investisseurs respectueux des lois, pour le bien-être de la province », a-t-elle ajouté.

Le Bureau de Coordination félicite Béatrice Nanvano pour son rôle patriotique et condamne les menaces de mort à son encontre, tout en exigeant des mesures de sécurité renforcées pour elle et les autres membres de la commission. Par ailleurs, il invite ses membres à une réunion urgente pour définir des actions citoyennes visant à exiger plus de transparence et de justice dans ce dossier.

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Depuis la libération des Chinois, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une « mafia organisée ». La Société civile appelle à des sanctions immédiates contre les responsables impliqués et à un remplacement des agents accusés de complicité.

« Cette expulsion, sans justice, est un signe de mépris envers les Congolais appauvris qui vivent dans des conditions inhumaines autour des sites miniers », conclut le communiqué.

Séraphin Mapenzi

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