Sud-Kivu : le point sur la lèpre (Interview)

« Vaincre la lèpre et ces conséquences », c’est le thème retenu en 2024  pour célébrer la journée Mondiale de la lèpre. Une journée célébrée chaque dernier dimanche du mois de Janvier.  Le thème au niveau national est : « Non à la stigmatisation et oui à la dignité pour les personnes affectées par la lèpre». Au Sud-Kivu, la province a enregistré 55 cas au cours de l’année 2023. La Coordination provinciale de la Lèpre et Tuberculose est confrontée au problème de financement pour la prise en charge effective des personnes atteintes. Vendredi dernier, elle a également organisé une journée de sensibilisation sur comment vaincre la lèpre et ses conséquences. Le médecin coordonnateur provincial de la lèpre et tuberculose au Sud-Kivu, Freddy Birimbano Machara explique que même s’il y a une régression des cas liés à cette maladie par rapport aux années passées, elle reste dangereuse.

Freddy Birembano est l’invité de la rédaction. Il répond aux questions de Vinciane Ntabala

 La Prunelle RDC : Bonjour. Chaque dernier dimanche du mois de Janvier, le monde célèbre la Journée mondiale de la lèpre, au Sud-Kivu quel est l’état de lieu de cette maladie ?

Freddy Birembano : la courbe est descendante parce qu’en 2013 on a eu des centaines de cas et aujourd’hui on est à 55 cas rapporté en 2023. La majorité sont des hommes sans oublier que les femmes représentent 46% et les enfants 5%. La plupart des cas qu’on a rapportés sont des malades basilaires pour ne pas dire que les malades dont les manifestations cliniques sont plus battantes.

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La Prunelle RDC : comment survient cette maladie ?

Freddy Birembano : la maladie est causée par un microbe appelé bacille de Hansen et ce microbe se transmet d’une personne malade à une personne saine par voie aérienne à travers les gouttes nasales et lorsque vous avez des contacts fréquents. C’est de cette manière que la personne saine arrive à contracter cette maladie qui est la lèpre.

 La Prunelle RDC : comment éviter cette maladie ?

Freddy Birembano : Actuellement c’est la prévention, le dépistage précoce. Il est prouvé qu’on peut administrer des antibiotiques aux contacts des patients lépreux et cela peut nous aider à prévenir la lèpre. Mais, il faut savoir que la lèpre entraîne des infirmités. Plus tôt on commence les traitements; moins on aura d’infirmités et de handicaps.

La Prunelle RDC : Quels sont les principaux facteurs favorisant la maladie ?

Freddy Birembano : la lèpre c’est une maladie tropicale négligée, négligée, c’est-à-dire que c’est une maladie qui atteint pratiquement les patients pauvres démunis qui n’ont pas accès aux services. Lorsqu’il tombe malade, les services ne sont pas prêts à les accueillir. Le plus souvent, vous verrez que ce sont des maladies négligées parce qu’il n’y a pas suffisamment les financements contre la lèpre par rapport à d’autres maladies comme le paludisme, le VIH. La lèpre n’a pas la même attention.

Nous nous retrouvons dans un cycle vicieux où vous tombez malade et il n’y a personne qui vous soigne. Au finish, vous êtes rejeté et vous contaminez les autres.

Après qu’on ait déclaré l’élimination de la lèpre, il y a eu moins de financements mais nous avons consolidé les acquis que nous avons eus des projets passés. Ce qui fait qu’il a encore des prestataires, des relais communautaires qui sont formés et informés sur la lèpre. C’est comme cela que nous continuons à rechercher des cas et surtout que les traitements continuent. C’est aussi comme cela que nous avons les médicaments régulièrement et nous les donnons gratuitement à toute personne qui est malade. La personne est orientée vers la formation sanitaire et elle est prise en charge.

La Prunelle RDC : parce que vous parlez de la prise en charge ; comment se fait-elle ?

Freddy Birembano : La prise en charge se fait sur deux niveaux. Nous formons les relais communautaires à identifier les cas de la lèpre car tout commence par des taches rougeâtres et claires, d’une perte de sensibilité et qui à la fin conduit à des infirmités des paralysies. L’infirmier du centre de santé identifie et pose le diagnostic de la lèpre et une fois que le diagnostic est posé, il bénéficie d’un traitement qui va de six mois à 12 mois, selon la forme de la lèpre. La prise en charge est gratuite.

La Prunelle RDC : y a-t-il des vaccins spécifiques pour cette maladie avec des campagnes de vaccination ?

Freddy Birembano : On n’a pas encore trouvé de vaccin jusque-là. On fait ce qu’on appelle la chimioprophylaxie. On utilise des médicaments qui permettent à ceux qui ont été en contact avec des patients souffrant de la lèpre de ne pas faire la maladie.

 La Prunelle RDC : quel message avez-vous pour la communauté ?

Freddy Birembano : la lèpre est guérissable. Il y a longtemps qu’on a fermé les quarantaines. Aujourd’hui, on vit avec les patients vivant de la lèpre. Ces patients sont guéris, ces patients sont utiles au développement et à la communauté.  Point n’est besoin de les discriminer, point n’est besoin de les stigmatiser. La lèpre est une maladie comme tant d’autres bien que la forme effraye les gens.  La science a suffisamment évolué et le traitement permet de guérir la plupart des patients.

Propos recueillis par Vinciane Ntabala

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