Les violences gynécologiques et obstétricales (VGO) demeurent une réalité silencieuse dans de nombreuses zones urbaines et rurales. Une étude récente menée par le Centre d’Excellence Denis Mukwege (CEDM) à Panzi révèle que 75 % des femmes interrogées ont subi au moins une forme de VGO lors de consultations ou d’accouchements.
Des abus multiples, souvent non dénoncés
Ces violences se manifestent par des propos déshumanisants, des maltraitances physiques ou psychologiques et des violences institutionnelles exercées par le personnel soignant, parfois sans conscience de leur gravité.
Elles engendrent des conséquences sociales, psychologiques et physiques dramatiques, affectant même les relations conjugales et familiales.
Témoignages marquants
Safi, une jeune femme de 22 ans, partage son expérience. Lors d’une consultation pour un simple paludisme, elle a été contrainte de se déshabiller sous prétexte d’un examen médical.
Sa résistance a poussé le médecin à opter pour une prise de sang, révélant ainsi une pratique abusive courante.
Mapendo, mère ayant accouché par césarienne, raconte les violences psychologiques subies dans une maternité de Bukavu.
« Malgré mes douleurs, j’ai été forcée de partager mon lit avec plusieurs personnes. Les sages-femmes m’ont insultée lorsque je me plaignais. Cela m’a profondément traumatisée », témoigne-t-elle.
La Directrice du CEDM, Agino Cécilia, insiste sur la nécessité de sensibiliser davantage la population.
« Les violences gynécologiques et obstétricales restent peu documentées dans notre région. Beaucoup de femmes ignorent même qu’elles sont victimes de violences », explique-t-elle.
Les chercheurs du CEDM soulignent l’urgence de sensibiliser et de former le personnel médical pour prévenir ces abus. Ils appellent également à une mobilisation collective pour dénoncer ces pratiques et protéger les droits des femmes.
Les violences gynécologiques et obstétricales sont une forme de maltraitance qui nécessite une attention immédiate. La lutte contre ces abus passe par l’information, la sensibilisation et la responsabilisation des acteurs de santé pour garantir à chaque femme des soins respectueux et dignes.
Les 16 jours d’activisme offrent une opportunité cruciale de sensibiliser et d’éduquer les communautés sur ces violences spécifiques. En dénonçant ces abus, les défenseurs des droits humains appellent à une transformation des pratiques médicales pour garantir des soins respectueux et dignes.
Ils plaident notamment pour la formation du personnel médical pour prévenir les abus, la sensibilisation des communautés sur les droits des femmes en matière de santé, le renforcement des mécanismes de plainte pour que les victimes puissent dénoncer les violences sans crainte.
Pour toutes ces victimes, les violences gynécologiques et obstétricales doivent cesser d’être un sujet tabou. Pendant cette période des 16 jours d’activisme, la lutte pour un système de santé respectueux et égalitaire prend tout son sens, renforçant l’appel à protéger les femmes et les filles contre toutes formes de violences.
Suzanne Baleke