Un collectif de 4 organisations du Nord-Kivu juge la décision de vente aux enchères de 30 blocs pétroliers et gaziers par le Gouvernement congolais, d’une « extrême dangerosité » sur l’avenir des aires protégées de la RDC, et de la justice climatique.
Dans une déclaration rendue publique, ces organisations demandent au gouvernement congolais de stopper la vente de ces blocs et d’en épargner les parcs nationaux des Virunga et de l’Upemba.
Selon les organisations SORADEC, IDPE, ACEDH et SJDDH, les blocs pétroliers IV et V présélectionnés dans le graben Albertine par le gouvernement congolais pour la vente aux enchères, figurent au cœur du Parc National des Virunga, dans la province du Nord-Kivu. C’est le cas aussi pour le Parc de l’Upemba et bien d’autres endroits, écrivent ces organisations dans leur déclaration.
Ce collectif estime que la vente aux enchères de ces blocs vient annihiler tous les efforts dans la promotion de l’économie verte, et de la sauvegarde des espèces dans ce site du patrimoine mondial, ainsi que les droits des populations riveraines.
«Aucun intérêt public ne sera supérieur aux droits des communautés locales et aux fonctions climatiques que joue le Parc national des Virunga en ce moment d’urgence climatique,» soutient ce collectif.
Et pour cela, il recommande au Gouvernement congolais de « stopper ce processus de vente aux enchères et tourner la page aux investissements fossiles, d’épargner le PNVi, le parc de l’Upemba et autres aires protégées, ayant le statut réserve intégrale, de cette campagne de vente aux enchères pétrolières et gazières.
Selon elles, le Gouvernement devrait plutôt promouvoir l’économie verte et aider la RDC à remplir valablement son rôle comme « Pays Solution » aux conséquences du réchauffement de la planète. Mais aussi respecter les conventions internationales sur les biens du patrimoine mondial de l’UNESCO et celles des sites RAMSAR, entre autres.
Pour rappel, Félix Tshisekedi a lancé jeudi 28 juillet dernier, les 30 appels d’offres, dont 27 pour des blocs pétroliers et 3 pour des blocs gaziers du lac Kivu. Lors de la cérémonie organisée à Kinshasa, le Chef de l’Etat a rassuré différentes parties quant à la transparence dans la gestion des fonds, et le respect de la biodiversité de la RDC lors de la réalisation de ces projets.
«Je rassure les partenaires internationaux sur la détermination de mon gouvernement à mener les travaux d’exploitation et d’exploration en utilisant des outils qui protègent l’environnement, les écosystèmes et l’équilibre écologique. Tous les travaux sur l’impact négatif sur l’environnement seront exécutés avec une étude exhaustive sur l’environnement en vue de minimiser les impacts. Ces études seront examinées et approuvées par le ministère de l’Environnement avant les travaux,» a-t-il déclaré.
Ces blocs se retrouvent dans la quasi-totalité des provinces du pays, et la ville de Kinshasa. Ils sont évalués à environ 22 milliards de barils de pétrole brut et 66 milliards Normo mètre cube de gaz méthane dissous dans les eaux du Lac Kivu. Ce qui devrait, selon la Présidence, booster l’économie du pays et créer des milliers d’emplois à la population.
«Nous ne devons plus nous contenter de célébrer le potentiel de la RDC mais il nous revient de l’exploiter. Après avoir misé sur le tout minier, il est temps pour nous d’exploiter le secteur des hydrocarbures,» a dit Félix Tshisekedi.
Selon le Ministère des Hydrocarbures, grâce à cette exploitation, l’apport du secteur des hydrocarbures au Budget national, évalué actuellement à 6%, pourrait atteindre 40 %, en cette période où les produits pétroliers et gaziers connaissent une flambé à travers le monde. La soumission des offres pour les blocs pétroliers s’étend sur 6 mois, tandis que celles du gaz méthane seront reçues pendant 3 mois.
Faustin Tawite, depuis Rutshuru
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