La ville de Bukavu, au Sud-Kivu, est confrontée à une crise environnementale majeure : la prolifération des déchets plastiques menace gravement la santé publique et l’écosystème local. Après les premières pluies de septembre, une marée de plastiques et d’ordures a été charriée par les eaux de ruissellement, obstruant caniveaux et rigoles.
Cette situation inquiétante met en lumière l’inefficacité des autorités à gérer les déchets dans une ville dont la population a explosé, passant d’environ 100.000 habitants à plus d’un million en quelques décennies. Alors que les habitants se réjouissent de la pluie, symbole de vie et de prospérité, ils se heurtent à une réalité amère : les déchets plastiques, omniprésents, polluent leur environnement.
« Mélangés avec d’autres saletés d’origine diverse, ces bouteilles abandonnées dégagent des odeurs pestilentielles et constituent de bons vecteurs de maladies. La ville, autrefois nommée « Bukavu la verte », est aujourd’hui ultra sale que, sans ironie et risque de se tromper, d’aucuns qualifient de « Bukavu la poubelle », ce qui fait la honte des pouvoirs publics, des opérateurs économiques et des intellectuels qui l’habitent et ne prennent quasiment pas d’initiatives appropriées et durables pour redorer le blason terni de cette ville. Il est plus que temps de tourner casaque ! »
« Héritiers de la Justice » constate que les efforts de réhabilitation des infrastructures urbaines, financés par le gouvernement congolais et des partenaires internationaux, sont largement compromis par cette accumulation de déchets. Une semaine après les pluies, la mairie n’a pas encore pris de mesures pour nettoyer les rues, laissant les habitants confrontés à une ville en proie à la saleté et à la dégradation.
Héritiers de la Justice souligne l’urgence d’agir. Les plastiques, produits non biodégradables, contaminent les sols et les eaux, exacerbant les risques d’érosion et d’inondations. Le manque d’espace dans les parcelles, souvent de dimensions non conformes, aggrave la situation : les déchets sont entassés dans les rigoles, créant des points de stagnation et de pollution.
Les répercussions ne se limitent pas à l’environnement. Des incidents récents, comme les coupures d’électricité dues à l’accumulation de déchets plastiques dans les centrales hydro-électriques, montrent à quel point cette crise affecte également les services essentiels de la ville. Les eaux de ruissellement, chargées de plastiques, menacent la qualité de l’eau et la santé des habitants.
« D’autres déchets déversés dans le lac Kivu restent sur les bordures dudit lac de sorte que les poissons n’ont plus suffisamment des frayeurs où se multiplier. Ce qui est plus grave, c’est que les bouteilles charriées par les eaux de ruissellement sont parfois récupérées par les enfants, voire des adultes pour aller les proposer auprès des vendeurs du lait frais ou d’autres boissons alcoolisées fabriquées dans la province du Sud-Kivu. Cela constitue un crime dans la mesure où ces bouteilles ne sont pas lavées convenablement. Les autres sont jetées sur les trottoirs des piétons, dans les servitudes, dans et le long des rigoles d’où ils ont été récupérés ».
Héritiers de la Justice appelle à une mobilisation générale. Pour inverser cette tendance, l’organisation insiste qu’il est impératif d’imposer une taxe sur les emballages plastiques. Les revenus de cette taxe pourraient être investis dans des usines de traitement des déchets, offrant ainsi une solution durable à ce problème croissant.
L’association insiste sur le droit fondamental de chaque citoyen à vivre dans un environnement sain, un droit que la Constitution de la RDC garantit. Cependant, face à l’inaction des autorités, il incombe à la population de se mobiliser et de revendiquer des actions concrètes.
« Il est temps d’agir avant qu’il ne soit trop tard », déclare Héritiers de la Justice.
La survie de l’écosystème et la santé des générations futures dépendent des choix que nous faisons aujourd’hui. Pour un Bukavu durable, il est essentiel de mettre fin à notre indifférence face à cette menace environnementale pressante.
En attendant, Héritiers de la Justice condamne le laxisme des services publics chargés de l’assainissement de l’environnement et ceux du Cadastre et des Titres fonciers respectivement pour la vente des parcelles impropres aux habitations et pour la délivrance des documents parcellaires pour des terrains en deçà des dimensions requises.