Alors que les autorités provinciales issues de la rébellion du M23 annoncent la relance imminente de l’Office National des Produits Agricoles du Congo (ONAPAC) à Bukavu, la Délégation syndicale de Kinshasa monte au créneau et dénonce la vente de plusieurs biens de l’Office, qualifiant cette opération d’« illégale » et « dangereuse » pour la survie de l’entreprise publique.
Dans un message relayé par voie de presse, la Délégation syndicale accuse les autorités de l’Alliance Fleuve Congo – M23 (AFC-M23), de procéder à une liquidation « opaque » du patrimoine de l’ONAPAC à Bukavu, sans aucune consultation des organes nationaux compétents.
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« Nous ne sommes pas concernés par cette vente. Toute personne qui achètera ces biens perdra son argent », prévient un syndicaliste, appelant les agents et la population à « barrer la route » à toute tentative d’occupation des sites ou de liquidation du patrimoine commun.
De leur côté, les autorités locales issues de la rebellion du M23 justifient cette démarche. Le Vice-gouverneur Dunia Masumbuko Bwenge Doux, agissant en tant que gouverneur intérimaire pour l’AFC-M23, a rencontré les cadres et agents de l’ONAPAC le 4 juillet dernier, à l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu, pour annoncer un plan de relance post-crise.
Selon Dunia Masumbuko, une partie des biens de l’ONAPAC devrait être vendue afin de financer plusieurs projets, parmi lesquels :
- La construction de trois bâtiments administratifs ;
- La réhabilitation des entrepôts à louer ;
- L’achat de deux hors-bords ;
- Le paiement de trois mois de salaires pour 88 agents et 25 retraités ;
- L’acquisition de véhicules et d’équipements pour relancer la production.
Pour encadrer ce processus, les autorités du M23 affirment avoir mandaté un cabinet d’avocats indépendants, censé garantir la transparence et la traçabilité des fonds issus des ventes.
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Mais à Kinshasa, la Délégation syndicale reste ferme : aucune vente d’actifs publics ne peut être engagée sans l’aval du niveau national. Elle redoute la création d’un précédent dangereux dans la gestion des entreprises publiques, dans un contexte déjà marqué par des tensions politiques et institutionnelles.
« La vraie relance de l’ONAPAC ne se fera pas par la vente de ses biens, mais par des réformes structurelles, comme l’ont déjà initié nos Directeurs Généraux », souligne-t-elle.
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