Ce mercredi 8 janvier 2025, la Société civile du Sud-Kivu, appuyée par différentes Forces vives, a organisé une marche pacifique dans les rues de Bukavu. Cette mobilisation visait à dénoncer l’exploitation illicite des minerais dans la province et à exiger des autorités congolaises la fin de la prédation des ressources naturelles, souvent menée en complicité avec des sociétés étrangères, majoritairement à capitaux chinois.
La marche a rassemblé diverses organisations, notamment des associations de défense des droits humains, des collectifs de femmes et de jeunes, ainsi que des structures locales comme La Prunelle RDC asbl, la LUCHA, Tous pour le Genre, le Développement et la Paix (THDP), etc.
Le cortège, parti de la place Munzihirwa à Nyawera, a traversé l’avenue Patrice Emery Lumumba, passant par le gouvernorat de province à Labotte avant de se terminer au Palais de justice. Les manifestants scandaient des slogans et portaient des calicots arborant des messages tels que :
- « L’exploitation illicite des minerais vole l’avenir des jeunes »,
- « Kinshasa est complice du pillage des richesses de la RDC »,
- « Apple, Samsung et Tesla : arrêtez de financer la guerre à l’Est ».
Au terme de la marche, un mémorandum a été lu par Néné Bintu, présidente du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu. Ce document, adressé au gouverneur Jean-Jacques Purusi, dresse un tableau sombre de la situation dans la province et critique la gestion des ressources naturelles.
« Nous ne rejetons pas les investisseurs étrangers, y compris les entreprises chinoises. Cependant, nous exigeons qu’ils respectent les lois congolaises, notamment celles liées à la responsabilité sociétale des entreprises et à la transparence des industries extractives (ITIE). Nos ressources doivent servir au développement local et non financer la guerre ou le blanchiment d’argent », a déclaré Néné Bintu.
Le mémorandum pose des questions clés sur la gestion des minerais :
- Qui profite réellement de l’or produit dans nos territoires ?
- Pourquoi les fonds issus des saisies de minerais frauduleux et d’amendes ne sont-ils pas utilisés pour le développement local ?
- Comment justifier que les populations locales continuent de souffrir alors que des ressources sont détournées à Kinshasa ?
La Société Civile a également lancé un appel au président Félix Tshisekedi, l’invitant à prendre des mesures décisives pour améliorer la gouvernance des ressources naturelles et la situation sécuritaire dans la région.
« Certains généraux, devenus affairistes, trahissent leur mission et détournent les fonds destinés à la défense. Nous saluons les récents remaniements au sein des FARDC, mais cela reste insuffisant. Il faut un suivi rigoureux des opérations sur le terrain et des moyens logistiques gérés par des personnalités intègres », a-t-elle insisté.
La Société civile a également exhorté le chef de l’État à réhabiliter les routes nationales pour réduire la dépendance au Rwanda, un pays accusé de nourrir des ambitions expansionnistes en RDC.
Actions concrètes prévues
Un sit-in de deux jours est prévu du jeudi 9 au vendredi 10 janvier 2025 aux frontières entre le Sud-Kivu et le Rwanda. L’objectif est de protester contre l’ingérence rwandaise, d’exiger la fermeture temporaire des relations diplomatiques avec ce pays et de suspendre tout trafic transfrontalier jusqu’au retrait des troupes rwandaises du territoire congolais.
Insécurité croissante dans le Sud-Kivu
Le mémorandum revient également sur l’insécurité grandissante dans plusieurs territoires, notamment Kalehe, Walungu, Uvira, Fizi et Shabunda. Des éléments des FARDC sont accusés de contribuer à l’instabilité dans ces zones.
La Société civile recommande de faire de l’amélioration des conditions de vie des militaires une priorité. « Si les FARDC ne sont pas bien encadrées, elles deviendront elles-mêmes une menace pour la population », a souligné Néné Bintu.
La Société civile du Sud-Kivu a exhorté, enfin, les autorités à ne pas abandonner l’Est du pays.
« Il n’y a pas de RDC sans l’Ituri, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. Notre pays doit rester uni et indivisible. La priorité doit être la paix, et non une révision de la Constitution », a martelé Néné Bintu.