Bukavu : les petits commerçants transfrontaliers vivant avec handicap dénoncent des conditions de vie de plus en plus difficiles

Frontiere-Handicap

À Bukavu, les personnes vivant avec handicap, en particulier les petits commerçants transfrontaliers de Ruzizi 1 et 2, tirent la sonnette d’alarme. À l’occasion de la Journée internationale des personnes vivant avec handicap célébrée chaque 3 décembre, plusieurs d’entre elles décrivent une situation marquée par la discrimination, l’insécurité et la perte de moyens de subsistance.

Selon les témoignages recueillis, ces commerçants sont aujourd’hui confrontés à la dégradation de leurs conditions de travail. Le vol de leurs vélos adaptés — essentiels pour traverser la frontière avec leurs marchandises  a fortement perturbé leur activité quotidienne.

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Beaucoup risquent désormais de sombrer dans la faim faute de pouvoir transporter leurs biens vers le pays voisin, comme ils le faisaient auparavant avant la modernisation de la frontière.

Willy Ringo Mwesigwa, président des Personnes Vivant avec Handicap (PVH), se dit indigné de la manière dont ils sont traités.

« Nous sommes capables de travailler comme tout le monde. Mais dès que les gens nous voient, ils pensent que nous venons quémander. Les autres personnes nous discriminent, et même ceux qui doivent nous protéger aggravent la situation. On arrive dans leurs bureaux pour faire des suggestions utiles pour le travail et le bien-être de tous, mais ils nous renvoient en disant qu’ils ne sont pas là », déplore-t-il.

Un autre commerçant, Bulambo Lusambya Bertin, confirme que leurs conditions se détériorent chaque jour.

Avant, ils arrivaient à la frontière dès 5 heures ou 6 heures du matin pour débuter leurs activités. Aujourd’hui, ils n’y parviennent qu’à partir de 9 heures, une situation qui réduit fortement leurs revenus.

« Que les autorités voient ce qu’elles peuvent faire pour améliorer cette situation sécuritaire qui se dégrade », insiste-t-il.

Ces petits commerçants transfrontaliers vivant avec handicap rappellent qu’elles possèdent les mêmes capacités et ambitions que tout autre citoyen, à condition que la société leur accorde l’espace et le respect nécessaires. Elles dénoncent le mépris au sein même de certaines associations où elles partagent pourtant des responsabilités avec des personnes non handicapées, sans être considérées à leur juste valeur.

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Elles en appellent enfin aux autorités : plus d’implication, plus d’écoute, et l’ouverture des portes des bureaux publics.

« Nous ne partons pas dans les bureaux pour tendre la main, mais pour travailler aussi », rappellent-elles.

Sylvie Bahati & Franck Muzigirwa

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