Environ 500 camions de planches et de charbon quittent le Parc National de Kahuzi-Biega chaque semaine pour Goma, Bukavu et le Rwanda. L’alerte est du Club RFI Bukavu et le mouvement écologiste des « Casques Verts » ce mardi 12 novembre 2024.
Dans un mémorandum, ces militants protecteurs de l’environnement demandent au gouvernement congolais et à la communauté internationale d’intervenir d’urgence pour sauver le PNKB, qui, si rien n’est fait, tend à disparaître. Les écologistes soulignent que ce patrimoine mondial est gravement menacé par une exploitation anarchique et démesurée des ressources naturelles.
Selon ce mémo, des milliers d’arbres sont abattus en cascade pour la fabrication de planches et de charbon de bois. Ils indiquent également que des exploitations minières illicites d’or et des minerais 3T sont menées sans respect de l’environnement, exposant ainsi l’humanité à des conséquences multiples.
Ils alertent également sur la déportation et le massacre des animaux, y compris des espèces rares du PNKB.
« Des centaines de camions et de motos transportent ces ressources qui sont entreposées dans le territoire de Kabare, notamment à Irambi-Katana, avant d’être acheminées de nuit, dès 21h00, dans un convoi de camions communément appelés FUSO vers Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. Une autre cargaison encore plus importante de planches et de charbon est dirigée vers le port de Kasheke, où des barges viennent charger en grande quantité ces ressources pour les acheminer à Goma », précisent-ils.
Selon eux, la même réalité est observée à Tchofi, Luzira, Tchibanda, Bushushu, etc.
« Ce sont environ 350 à 500 camions de planches et de charbon (250 sacs de près de 150 kg de charbon, 1000 à 1500 planches par gros camion FUSO) », rapporte le mouvement des écologistes.
Par ailleurs, les autochtones pygmées et toute la population environnante sont persuadés que le PNKB est leur champ naturel à exploiter et qu’il est désormais leur principale source de revenus.
Pourtant, il existe des règles et des limites à respecter, rappellent les écologistes. Ils alertent également sur la présence de groupes armés et de milices lourdement armées facilitant cette destruction du PNKB.
« Des milices lourdement armées s’y sont installées et l’absence quasi totale de l’autorité de l’État a permis à des conflits de dégénérer jusqu’à des échanges de tirs. Il est à craindre une guerre à l’avenir. Ce qui choque surtout, c’est que cette spoliation et destruction se déroule sous le regard impuissant des autorités à tous les niveaux, ainsi que des gestionnaires du PNKB, qui restent passifs », regrettent ces écologistes.
Ils se demandent pourquoi ce silence des autorités à tous les niveaux et ce que cachent les organisations nationales et internationales censées protéger le PNKB mais qui étouffent cette question.
Ces deux organisations avaient prévu une marche pour dénoncer cette situation, mais leur manifestation a été interdite par le maire de la ville pour des raisons non révélées.
Les écologistes formulent plusieurs recommandations pour sauver le PNKB et protéger l’environnement. Ils appellent le Président de la République à s’impliquer personnellement pour sauver le PNKB en demandant à toutes les parties prenantes d’assumer leur rôle dans la protection de ce parc.
Ils demandent également à l’UNESCO et à la communauté internationale de prendre leurs responsabilités pour la protection de ce patrimoine mondial.
Au gouvernement national de la RDC et au gouvernement provincial du Sud-Kivu, ces écologistes demandent d’organiser une mission conjointe avec le ministère de l’Environnement, le ministère des Mines, les structures d’entrepreneurs, la FEC, la société civile et les services de sécurité afin de faire un état des lieux de la situation et d’expulser ces hors-la-loi qui détruisent le parc.
Ils demandent également que la question de la délocalisation des peuples autochtones pygmées soit gérée avec professionnalisme, car ils deviennent les alibis de personnes de mauvaise foi exploitant illicitement le PNKB.
Le Directeur de cabinet du Gouverneur de province, qui a reçu leur mémorandum, les a assurés que le gouverneur s’impliquera personnellement pour trouver une solution. Une copie de ce mémorandum a également été déposée à l’Institut National de Conservation de la Nature (ICCN) dans l’après-midi du 12 novembre 2024.