Dysfonctionnement du CPS-SK : Le GTT Mines et Hydrocarbures exige un changement de leadership et met en cause Didier Shamamba

Didier Shamamba

Les organisations membres du Groupe de Travail Thématique Mines et Hydrocarbures (GTTM&H) de la Société Civile du Sud-Kivu ont exprimé de vives préoccupations concernant le fonctionnement actuel du Comité Provincial de Suivi des Activités Minières (CPS-SK). Dans une déclaration datée du 23 décembre 2024, le GTTM&H met en lumière un dysfonctionnement persistant du CPS depuis plus d’un an, accentué par la désignation controversée de Monsieur Didier Shamamba en tant que coordonnateur technique du CPS. Ce conflit interne compromet sérieusement le bon fonctionnement du CPS et son objectif principal de réguler et de superviser le secteur minier dans la province du Sud-Kivu.

Selon les Organisations du GTT Mines et Hydrocarbures, le conflit a débuté après la désignation de Monsieur Didier Shamamba à la coordination technique du CPS en mai 2023, sur la base de l’Arrêté provincial N°23/086/GP/SK.

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Pour elles, cette nomination a été forcée et non consensuelle, provoquant des tensions au sein de la structure multi-acteurs du CPS.

La Société civile a exprimé son mécontentement, soulignant que le nommé, en tant que directeur de cabinet du ministre provincial des Mines, se trouvait dans une situation de conflit d’intérêts, car il était à la fois juge et partie dans la gestion du secteur minier. Ce déséquilibre a conduit à la suspension de la participation de la Société civile au CPS pendant six mois, paralysant ainsi les activités de la structure.

Face à l’impasse, la Chambre des Mines de la FEC a engagé des négociations avec le GTTM&H afin de résoudre le conflit et permettre à Monsieur Shamamba d’occuper son poste de coordonnateur. En novembre 2023, un accord avait été trouvé entre les parties, et Monsieur Shamamba avait accepté un certain nombre de préalables pour restaurer la paix au sein du CPS, notamment :

Plaidoyer pour des financements : il s’était engagé à plaider auprès du Gouverneur de province pour que des fonds provenant des frais rémunératoires du SAEMAPE soient alloués au CPS afin de maintenir son fonctionnement et financer des projets de développement dans les zones minières.

Mobilisation des ressources : Il avait aussi promis de plaider pour que les ressources prévues par l’article 8 de l’arrêté créant le CPS soient mises à disposition, afin de permettre la collecte, la qualification et la validation des sites miniers.

Maintien de la cohésion au sein du CPS : Shamamba s’était également engagé à maintenir la cohésion au sein de la coordination technique du CPS, malgré la situation conflictuelle.

Frais de communication mensuels : Une somme de 500 $ avait été convenue pour couvrir les frais de communication mensuels, étant donné que le CPS traversait une période de crise financière.

Cependant, ces engagements ont été rapidement contredits par des actions de Monsieur Shamamba qui ont mis en péril le bon fonctionnement du CPS, selon le Groupe Thématique Mines et Hydrocarbures de la Société Civile.

Les dérives

Le GTTM&H dénonce plusieurs actions inacceptables de la part de Monsieur Shamamba, notamment :

Demandes financières exorbitantes : le GTT Mines et Hydrocarbures révèle que Shamamba a réclamé 5.000 $ de frais de communication mensuels pendant la période où les activités du CPS étaient suspendues. Par la suite, il a demandé 11.500 $ pour ces mêmes frais, bien que le montant convenu initialement soit de 500 dollars américains.

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Absences répétées : Shamamba s’est souvent absenté des réunions de la coordination technique du CPS, affectant la prise de décisions importantes et ralentissant les efforts de mitigation des incidents sur la chaîne d’approvisionnement des minerais.

Actions unilatérales : Les organisations l’accusent d’avoir pris des mesures unilatérales, telles que le changement du spécimen du cachet du CPS, usurpant ainsi le pouvoir de la plénière du CPS et celui du Gouverneur de province, président du CPS. Il a également donné des injonctions à la banque TMB, demandant la suspension de toutes les opérations bancaires du CPS, bien qu’il ne soit pas signataire du compte bancaire de la structure.

Shamamba a suspendu un agent sans consultation préalable avec la plénière, outrepassant ainsi les prérogatives de la structure dirigeante du CPS.

Manquements graves et inefficacité

Le GTTM&H déplore également l’inefficacité de la coordination sous Monsieur Shamamba, notant que seulement quatre réunions plénières ont eu lieu depuis sa nomination, avec plus de 17 recommandations non suivies. De plus, les incidents documentés sur la chaîne d’approvisionnement des minerais, au nombre de 40, n’ont pas été traités, ce qui a un impact négatif sur les exportations et la régularité du secteur minier.

Ces manquements ont aggravé la situation, compromettant les objectifs du CPS et augmentant la méfiance entre les parties prenantes. Le GTTM&H considère que Monsieur Shamamba a contribué à l’exacerbation des conflits internes, à la déstabilisation de la structure et à la création d’un climat malsain au sein du CPS.

Face à cette situation de blocage, le GTT Mines et Hydrocarbures appelle urgemment le Gouverneur de province à nommer un nouveau coordonnateur consensuel et compétent pour le CPS afin de rétablir la paix et la cohésion au sein de cette structure essentielle au bon fonctionnement du secteur minier. Si aucune décision n’est prise dans un délai de 72 heures, les organisations de la Société civile, à l’instar de la Chambre des Mines de la FEC/SK, suspendront leur participation aux activités du CPS.

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Dans le cas où une nomination immédiate ne serait pas possible, le GTT Mines et Hydrocarbures recommande la désignation d’un intérimaire, après consultation tripartite entre les différentes parties prenantes, pour assurer une transition efficace et éviter d’autres tensions.

Edith Kazamwali

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