Bukavu, autrefois exaltée comme « la Suisse de l’Afrique », se débat aujourd’hui dans les affres d’un fléau immonde : l’ineptie criminelle des autorités face aux déchets plastiques. À chaque coin de rue, des sacs décharnés, des bouteilles putrides et d’autres immondices souillent l’espace public, polluant les caniveaux et contaminant les rives du lac Kivu. Ce qui était jadis une préoccupation marginale a éclaté en une crise environnementale et sanitaire d’une gravité sans précédent, exacerbée par l’inertie effroyable des décideurs.
Après les pluies meurtrières qui ont fait trembler le barrage Ruzizi et paralysé l’approvisionnement en électricité, que fait notre maire, nos bourgmestres, nos chefs des quartiers ? Presque rien. Leurs silences assourdissants et leur inaction scandaleuse crient leur mépris. Bukavu, la « Suisse d’Afrique », a sombré dans le chaos, se muant en décharge à ciel ouvert, sous le regard impassible d’un gouvernement qui se contente de percevoir des taxes, sans jamais offrir la moindre contrepartie ou idée innovante pour améliorer la situation des habitants.
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L’impact de cette gestion déplorable est catastrophique. Les déchets plastiques obstruent les systèmes de drainage, multipliant les risques d’inondation lors des pluies. Chaque saison, Bukavu se transforme en marécage urbain, et les inondations répétées causent des pertes matérielles dévastatrices à une population déjà éprouvée. Mais ce n’est pas tout.
Les plastiques envahissent le lac Kivu, une source vitale pour les riverains, menaçant la faune aquatique. Les poissons, empoisonnés par des microparticules, compromettent la santé des consommateurs. Cette tragédie écologique entraîne une flambée alarmante de maladies hydriques et respiratoires, enfonçant la population dans un cadre de vie dégradé.
Il est tout simplement scandaleux de constater l’absence de mesures efficaces de la part de nos autorités.
Les plans de gestion des déchets sont soit inexistants, soit d’une inefficacité criante. Les initiatives pour promouvoir le recyclage ou réduire l’usage des plastiques à usage unique sont rarissimes et totalement mal soutenues. Le gouvernement provincial du Sud-Kivu, sous la direction de Jean Jacques Purusi visiblement dépassé par les effets d’une gouvernance catastrophique de ses prédécesseurs, relègue cette crise à une priorité secondaire, au mépris flagrant de l’urgence de la situation.
Le manque d’infrastructures adéquates pour la collecte et le traitement des déchets expose une défaillance systémique dans la gouvernance. Les citoyens, abandonnés à leur triste sort, jettent leurs ordures à l’air libre, faute de services publics dignes de ce nom. L’indifférence abyssale de nos responsables, incapables de mobiliser des ressources ou d’établir des partenariats avec des acteurs privés, ne fait qu’accentuer le désastre.
Il est indéniable que les citoyens ont leur part de responsabilité. L’absence de sensibilisation à des pratiques écologiques telles que le tri sélectif aggrave la situation. Cependant, cette inaction ne saurait exonérer nos dirigeants de leurs devoirs. L’État doit impérativement instaurer des politiques rigoureuses, mobiliser des financements nécessaires et prendre des mesures d’accompagnement audacieuses pour moderniser la gestion des déchets.
Face à la croissance démographique explosive de Bukavu, il est urgent d’agir avec détermination. Les autorités doivent investir massivement dans des infrastructures modernes de gestion des déchets, lancer des campagnes de sensibilisation percutantes et collaborer avec les entreprises locales pour promouvoir des solutions de recyclage. Il est impératif de développer des alternatives aux plastiques à usage unique et d’établir un système de gestion intégré et efficace.
La mauvaise gestion des déchets plastiques à Bukavu ne peut plus être éludée. Cette crise environnementale, qui menace la santé des habitants et l’avenir écologique de notre région, exige une attention immédiate et intransigeante. L’heure n’est plus à la passivité ou à la complaisance. Les décideurs doivent cesser de se complaire dans l’inaction et se lever pour le bien de la population.
Sans une volonté politique déterminée et une prise de conscience collective, Bukavu est condamnée à sombrer dans une crise environnementale aux conséquences irréversibles. Il est temps d’exiger des comptes, d’exiger des actions concrètes et de sauver notre ville avant qu’il ne soit trop tard !