Des jeunes de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, saluent l’engagement du Gouverneur Jean-Jacques Purusi dans la lutte contre l’exploitation illicite des ressources naturelles. Ils exigent que les fonds saisis lors des opérations de lutte, soit 10 lingots d’or et 400.000 dollars américains, soient investis dans des projets structurants tels que des routes, écoles et hôpitaux pour améliorer les conditions de vie de la population.
Ce cri de ralliement des jeunes de Bukavu a été formulé ce lundi 13 janvier 2025, lors d’une rencontre avec un reporter de La Prunelle RDC.
L’exploitation illégale des minerais a récemment été mise en lumière par l’interception de trois ressortissants chinois, le 5 janvier 2025, dans la région de Walungu, au Sud-Kivu.
Pour Éric Mirimba, un jeune de la commune d’Ibanda, cette situation est d’abord le résultat de la négligence des autorités congolaises. Selon lui, il est impensable que des étrangers puissent pénétrer en République Démocratique du Congo (RDC) sans que leurs missions soient régularisées au préalable par la Direction Générale de Migration (DGM) ou d’autres services compétents.
« Nous constatons que cette exploitation est facilitée par la faiblesse de nos dirigeants. Il est difficile de croire que des Chinois puissent traverser toute la Chine jusqu’en RDC sans documents appropriés pour cette activité », déclare Eric Mirimba à La Prunelle RDC.
Il appelle donc le gouvernement à renforcer le contrôle des frontières et à veiller à ce que les investissements étrangers respectent les lois du pays. Pour lui, l’exploitation illégale des ressources naturelles ne peut que nuire au développement de la province et du pays.
Des jeunes sans emploi face à une richesse inexploitable
Le jeune activiste déplore la situation des habitants des zones d’exploitation minière, souvent privées d’infrastructures de base.
« Ces lieux sont dépourvus de routes, d’écoles ou d’hôpitaux. Pendant ce temps, les jeunes, malgré la richesse de notre pays, peinent à trouver un emploi », déplore Mirimba. Il pointe également du doigt les conditions de travail déplorables des Congolais employés dans les sites miniers, souvent sous-payés par des entreprises étrangères.
« Ceux qui travaillent pour les Chinois sont payés à des salaires dérisoires. Pourtant, nous savons que notre pays est riche en ressources naturelles, mais cela ne profite pas à la jeunesse », ajoute-t-il, amer.
L’exploitation illégale : un cercle vicieux pour les femmes et les jeunes
Judith Maroy, activiste des droits humains et cheffe de programme du Club Zaida Catalan pour la paix et la sécurité, souligne les impacts dévastateurs de l’exploitation illicite des minerais, tant sur la population que sur l’environnement. Les jeunes et les femmes, les premières victimes de cette situation, sont contraintes de travailler dans des conditions dangereuses, souvent sans aucune protection.
« Les pratiques illégales de l’exploitation minière entraînent la pollution de l’eau, le glissement des terrains et exposent les jeunes et les femmes à des conditions de travail insalubres, les mettant en danger à cause des maladies et des accidents », déclare Judith Maroy.
Selon elle, l’argent et les minerais saisis devraient être utilisés pour promouvoir un développement local durable, en impliquant la jeunesse dans des projets qui profitent réellement à la communauté.
En outre, Prince Amani Musemakweli, acteur de la Société civile Forces Vives du Sud-Kivu et ambassadeur du climat et de la biodiversité affirme que l’exploitation minière contribue à la destruction de l’environnement (déforestation, la dégradation des terres agricoles).
« Les communautés locales ne voient pas les retombées économiques malgré la richesse minière soustraits dans notre province. Ces pratiques amènent les conflits et l’instabilité de la région. On ne trouve ni routes, ni écoles, moins encore d’hôpitaux dans les zones où ces lingots d’or sont extraits ».
Il estime que la communauté devrait normalement être bénéficiaire des retombées des exploitations minières.
« Nous jeunes, sollicitons qu’il y ait création d’un observatoire minier au sein de la Province pour mettre en place un organisme minier, pour mettre en place un organisme indépendant. Aussi, surveiller les activités minières et établir les rapports transparents, alerter sur les abus commis par les entreprises » déplore-t-il.
Un chômage endémique, source de tensions sociales
Magene Jules, jeune militant du mouvement citoyen Forum des nationalistes, revient sur l’un des enjeux majeurs de la région : le chômage endémique. Il rappelle que malgré les énormes richesses du pays, les jeunes du Sud-Kivu souffrent d’un chômage élevé. Faute de perspectives, certains se tournent vers la violence, formant des groupes rebelles qui déstabilisent la région.
« Le chômage est un problème majeur ici. Dans nos sites miniers, vous trouverez des enfants de moins de 18 ans qui travaillent. Le manque d’emploi pousse certains jeunes à rejoindre des groupes rebelles, qui, au lieu de contribuer à la paix, déstabilisent la région », explique-t-il.
Les jeunes du Sud-Kivu sont clairs : ils appellent à la poursuite de la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles. Ils demandent également que les ressources confisquées soient utilisées pour le bien-être de la population, notamment par la construction d’infrastructures essentielles.
« Nous demandons au Gouverneur Jean-Jacques Purusi de continuer à lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles dans notre province. Nous espérons que les fonds et les minerais saisis seront réinvestis dans des projets de développement qui bénéficieront à tous », conclut Magene Jules.
Face aux défis liés à l’exploitation illicite des minerais, la jeunesse du Sud-Kivu réclame une gestion plus transparente et équitable des ressources naturelles, afin que ces dernières profitent à la population locale et participent au développement durable de la région.