Le suicide n’est pas seulement une affaire de santé, mais une responsabilité collective, et les journalistes figurent parmi les premiers exposés aux atrocités pouvant impacter leur santé mentale. C’est ce qui ressort d’un café de presse organisé ce mercredi 10 septembre 2025 par l’association « Stop au suicide » dans la salle de réunion de l’hôtel Maman Kinja, à Bukavu.
Plus de 40 journalistes y ont échangé sur les causes pouvant mener au suicide et les moyens de prévention, en mettant un accent particulier sur la santé mentale des professionnels des médias.
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Pour Lumière Singay, présidente provinciale de l’association au Sud-Kivu, les journalistes doivent garder un mental stable et ont un devoir fondamental de créer des espaces de dialogue et de soutien.
« Cette formation a deux objectifs : vous, journalistes, devez d’abord comprendre les dangers auxquels vous êtes exposés, mais aussi apprendre à protéger la communauté en informant et en écoutant les signaux des personnes qui veulent se suicider », a-t-elle expliqué.
Elle recommande aux journalistes de se confier à des experts en santé mentale, de consulter des psychologues et de suivre des thérapies si nécessaire.
« Les journalistes sont aussi des êtres humains », rappelle-t-elle.
Le thème retenu pour l’édition 2025 de la Journée mondiale de la prévention du suicide était « Changer le discours sur le suicide », afin de promouvoir une approche bienveillante et déstigmatisée du sujet.
De son côté, le Dr. Rukeba Peter, du Programme national de santé mentale, a rappelé que la République démocratique du Congo affiche un taux de mortalité par suicide d’environ 8,77 %, selon les indicateurs de développement de la Banque mondiale en 2021.
Pour le seul premier semestre 2025, la province du Sud-Kivu a enregistré 334 tentatives de suicide, dont 93 décès.
« Ces chiffres, bien qu’interpellants, ne sont pas que des statistiques : ils rappellent l’urgence d’agir collectivement », a-t-il insisté.
Il a également souligné que les journalistes, de par leur travail, sont souvent les premiers à entrer en contact avec les victimes d’atrocités – violences, viols, tueries, assassinats ou suicides – ce qui les expose à développer des psychotraumatismes s’ils ne bénéficient pas d’un soutien psychologique adéquat.
La Journée mondiale de prévention du suicide, célébrée chaque 10 septembre depuis 2003, vise à mobiliser un engagement mondial et des actions concrètes pour réduire le nombre de suicides, à travers des campagnes de sensibilisation et des activités dans plusieurs pays.