La Journée mondiale de la sécurité des patients est célébrée ce 17 septembre sous le thème choisi par l’OMS : « Des soins sûrs pour chaque nouveau-né et chaque enfant ». Mais en République démocratique du Congo, et particulièrement à Bukavu au Sud-Kivu, l’accès à des soins sûrs reste un luxe pour les plus démunis.
Dans plusieurs structures sanitaires de la ville, des mères partagent le même lit après l’accouchement, parfois même après une césarienne. Les cris des nouveau-nés se confondent avec les gémissements de leurs mères, privées de soins post-partum appropriés.
« On m’a mise sur le lit avec une autre femme à la maternité. Nos deux bébés pleuraient, mais personne ne venait. J’avais encore des douleurs de l’opération. On était seules », témoigne Judith, 32 ans.
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La pauvreté accentue la précarité des soins. Les frais médicaux étant jugés inabordables, beaucoup de familles se tournent vers les médicaments traditionnels. Certaines vendent leurs biens pour permettre aux femmes d’accoucher à l’étranger, dans des structures réputées plus sûres. Mais la majorité n’en a pas les moyens.
« On m’a demandé de payer une caution avant qu’on me donne le moindre soin », se souvient Shukuru, qui a failli perdre son enfant à cause d’un retard de prise en charge. Un cas loin d’être isolé, selon plusieurs habitants.
Le manque de personnel qualifié, l’insuffisance chronique d’équipements, la corruption et la négligence médicale aggravent les risques. Le principe fondamental de la médecine, « ne pas nuire », est souvent éclipsé par la logique financière ou l’absence de supervision.
À Kinshasa récemment, une femme est décédée faute de pouvoir payer une caution pour ses soins d’urgence. Le personnel médical aurait refusé de l’assister sans paiement préalable. Elle est morte devant eux.
Face à cette réalité, familles endeuillées, mères traumatisées et enfants sans soins adaptés élèvent la voix. Mais leurs appels restent encore trop peu entendus par les autorités.
Les observateurs estiment que l’État congolais doit faire de la sécurité des patients, notamment des nouveau-nés et des enfants, une priorité nationale. Ils appellent à :
- la réhabilitation des infrastructures sanitaires ;
- la formation et la motivation du personnel médical ;
- la suppression des barrières financières à l’accès aux soins ;
- la mise en place de mécanismes de contrôle stricts dans les hôpitaux.
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Chaque enfant a droit à une naissance digne et à des soins de qualité. Chaque mère a droit à la vie après l’accouchement.
En cette Journée mondiale de la sécurité des patients, une question s’impose : et si c’était votre enfant ?
La sécurité des soins, rappellent les acteurs de la santé, ne doit pas être un privilège réservé à ceux qui peuvent payer ou fuir le pays, mais un droit fondamental pour tous.