Le centre de santé de référence de Kamanyola tire la sonnette d’alarme. Selon un rapport présenté par son infirmier titulaire, Jean Claude Buchekabirhi, les cas de malnutrition aiguë connaissent une hausse inquiétante chez les enfants ainsi que chez les femmes enceintes et allaitantes, conséquence directe de la crise alimentaire aggravée par la guerre dans la région.
Pendant plusieurs années, les femmes enceintes et allaitantes bénéficiaient d’une assistance nutritionnelle lors des pesées et consultations postnatales : farine pour bouillie, compléments alimentaires et autres produits nutritifs.
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« Ces femmes avaient l’habitude d’en consommer, ce qui relevait le défi de leur alimentation », explique l’infirmier Jean Claude Buchekabirhi.
Les enfants, quant à eux, recevaient des pampelidose pour soutenir leur croissance, améliorer leur poids et renforcer leur santé.
Mais aujourd’hui, tout ce dispositif est à l’arrêt.
Selon le centre, plusieurs organisations internationales qui assuraient cette prise en charge (USAID, Banque mondiale et d’autres ONG) se sont retirées du terrain à cause de l’insécurité persistante.
« Ces organisations ne sont plus visibles à Kamanyola. Elles se sont désengagées à cause de la guerre », regrette l’infirmier titulaire.
Cette rupture prive des centaines de familles vulnérables d’un soutien vital, dans une région déjà fortement impactée par la dégradation des conditions de vie.
Le centre de santé de Kamanyola, l’un des premiers érigés dans la zone de santé de Nyangezi par l’administration coloniale avant d’être repris par le gouvernement congolais, fait face à une pression grandissante.
Les responsables appellent les autorités étatiques ainsi que les ONG œuvrant dans le domaine de la santé (notamment Médecins d’Afrique, USAID, LINET, entre autres) à assurer la continuité des projets de prise en charge nutritionnelle pour éviter une aggravation de la situation et sauver des vies.
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En attendant une éventuelle reprise de l’appui des partenaires, les relais communautaires sont encouragés à intensifier la sensibilisation auprès des familles touchées par la malnutrition.Ils recommandent, autant que possible, la préparation de repas nutritifs locaux tels que soja, maïs, œufs, riz, haricots, viande, poisson et légumes, essentiels pour les enfants et les femmes enceintes.

