Kamanyola : la chute du prix du manioc plonge les agriculteurs dans la détresse

Champ de Manioc

À Kamanyola, dans la plaine de la Ruzizi, le prix du manioc s’est effondré, mettant en difficulté de nombreuses familles paysannes. Jadis source de revenus pour des centaines de ménages, le manioc ne trouve plus preneur sur les marchés locaux. En cause : une récolte massive et anticipée, dictée par la crainte de pillage des champs par des vaches errantes, et l’absence des commerçants venus de l’extérieur, freinés par l’insécurité grandissante.

Aujourd’hui, le bassin de manioc qui se vendait entre 14.000 et 15.000 francs congolais entre 2022 et 2024, ne vaut plus que 5.000 à 6.000 FC — et encore, difficilement. Les ménages en possèdent en abondance, mais le produit reste invendu. Le marché est saturé.

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Pour Siméon Mubembe Richard, ingénieur agronome contacté par La Prunelle RDC, cette crise est le fruit d’une surproduction non planifiée, aggravée par l’insécurité persistante et le manque de débouchés commerciaux. « Les agriculteurs ont du manioc, donc du foufou, mais pas d’argent ni d’autres aliments pour compléter leurs repas. Ils investissent leur force et leurs moyens dans la culture, mais ne récoltent aucun bénéfice », déplore-t-il.

Il appelle les organisations humanitaires et les autorités locales à intervenir rapidement : soit en facilitant l’écoulement des produits agricoles, soit en apportant des appuis alternatifs (semences, crédits, formation).

Cette crise du manioc ne menace pas seulement les revenus agricoles : elle compromet l’équilibre social et éducatif de nombreuses familles. Madame Vumilia Bahati, agricultrice à Kamanyola, s’inquiète pour l’avenir de ses enfants.

« Comment allons-nous encore scolariser nos enfants si la culture du manioc ne rapporte plus rien ? », s’interroge-t-elle, appelant les ONG à leur fournir d’autres cultures alternatives ou de petits crédits pour relancer l’activité.

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Malgré leur mobilisation et leur savoir-faire, les producteurs de Kamanyola sont désemparés. Leur produit de base, au cœur de l’alimentation locale, ne leur permet plus de vivre. Faute d’un appui rapide, c’est toute une économie rurale qui risque de s’effondrer dans l’indifférence.

Ishara Yambisi bin Kashenya, depuis Kamanyola

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