Mutilations génitales féminines : quelles conséquences ? (Interview)

Sa voix, son avenir : investir dans des mouvements dirigés par les survivantes pour éliminer les mutilations génitales féminines, c’est sous thème que le monde célèbre la journée de lutte contre les mutilations génitales. Une journée célébrée le 6 février de l’année en cours. Même si cette pratique n’est pas fréquente à Bukavu, des cas surviennent de certains coins de la province du Sud-Kivu où le viol fait encore parler de lui. Les filles qui subissent des mutilations génitales féminines font face à des complications à court terme, telles que des douleurs intenses, des saignements excessifs, des infections et des difficultés à uriner, ainsi qu’à des conséquences à plus long terme pour leur santé sexuelle et reproductive et leur santé mentale. Le Docteur Patrick Murhula, gynécologue à l’Hôpital Skyborne dans ville de Bukavu est l’invité de la rédaction. Il répond aux questions de Suzanne Baleke (Interview).
La Prunelle RDC : Dr Patrick, aujourd’hui c’est la célébration de la journée mondiale de la lutte contre la mutilation, pouvons-nous savoir qu’est-ce que la mutilation génitale féminines ?

Dr Patrick Murhula : les mutilations génitales féminines génitales sont des pratiques appliquées au niveau des organes génitaux, dans le sens d’excision ou encore dans le sens d’élargissement des organes au niveau de l’appareil féminin.

La Prunelle RDC : peut-on savoir comment se passe la mutilation génitale féminine ?

Dr Patrick Murhula : d’habitude, ce ne sont pas des pratiques à encourager, ce n’est pas scientifiquement prouvé. Ce sont des méthodes purement traditionnelles appliquées mais ce n’est pas vraiment conseillé d’habitude.

La Prunelle RDC : Quelles sont les différentes conséquences de l’application de la mutilation génitale féminine chez les femmes et filles ?

Dr Patrick Murhula : les conséquences, nous pouvons les situer à deux niveaux, d’abord les conséquences sur le plan de l’organe mutilé. Cela peut occasionner des infections, des portes d’entrée de plusieurs choses surtout si l’instrument utilisé n’est pas stérile, des risques d’avoir des rapports plus difficiles et plus douloureux après.

Le deuxième plan c’est sur le plan psychologique, une femme qui est mutilée, psychologiquement elle se sent affectée et cela peut aussi affecter sa sexualité plus tard.

Donc, psychologiquement, elles se sentent affectées et sur le plan sentimental également parce que c’est un organe parfois érectile, c’est le clitoris qu’on est obligé d’arracher dans des conditions parfois difficiles et qui ne respectent pas l’asepsie. Elles vivent leur traumatisme seul, parfois il faut les accompagner pour qu’elles essayent de surmonter cette étape.

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La Prunelle RDC : comment les filles mutilées sont-elles considérées dans la société moderne étant donné que c’est une pratique carrément traditionnelle ?

Dr Patrick Murhula : On décourage de plus en plus cette pratique dans la société moderne. Comme dans notre société, les femmes ne veulent pas trop parler de leur sexualité. Elles se sentent déjà un peu réduites quand elles parlent des problèmes gynécologiques et d’infections chez le gynécologue ou un médecin.

La Prunelle RDC: Et en République Démocratique du Congo, vous en tant que Dr Gynécologue, pensez-vous que cette pratique continue ?

Dr Patrick Murhula : Dans la pratique de gynécologue, j’ai quand-même vu quelques cas de mutilation de clitoris et cela quand j’étais encore médecin généraliste dans les périphéries, mais ici en ville je n’ai pas encore vu les cas de mutilation. J’essaye d’en parler toujours pour éviter ce genre de pratique.

La Prunelle RDC : Avez-vous un conseil ou une recommandation à l’égard des sociétés qui continuent à faire ce genre de pratique (mutilation génitale féminine) ?

Dr Patrick Murhula : Je pense que ce sont des pratiques qu’il faut carrément bannir et faire plus de la sensibilisation pour éviter ces pratiques étant donné que ça n’apporte aucun avantage chez la femme. Ces pratiques exposent la femme à des graves difficultés d’infections ou même de féminité plus tard. Donc le message est que c’est une méthode qu’il faut vraiment bannir.

Propos recueillis par Suzanne Baleke

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