Mise en place depuis 2019 par le gouvernement congolais, grâce au financement de la Banque Mondiale, le Projet Intégré de Croissance Agricole dans les Grands Lacs (PICAGL) tend vers sa fin.
Au Sud-Kivu et au Tanganyika (Kalemie) où ce projet est implémenté, les principaux indicateurs de performance sont au vert à travers ses multiples chaînes de valeur.
Au cours d’une conférence de presse tenue à Bukavu ce mardi 11 juin 2024 en perspective de la clôture du projet et de la fin de la première phase de la campagne de vaccination contre la peste des petits ruminants mis également les charbons symptomatiques chez les bovins, le chargé de communication du PICAGL a brossé les grandes réalisations du projet.
Bob Katay a annoncé la fin de la campagne selon le chronogramme fixé, et ce, malgré la présence des vaccinateurs qui poursuivent avec l’opération sur terrain pour épuiser tout le lot de vaccins sortis.
Les statistiques selon Bob Katay donnent 146 117 petits ruminants (chèvres et autres) vaccinés et 141 162 bovins vaccinés.
Ces chiffres ne reflètent pas les objectifs visés parce que selon le projet, les équipes des vaccinateurs ont rencontré des difficultés sur terrain liées notamment à l’inaccessibilité de certains coins, à certaines poches d’insécurité, mais également la transhumance suite aux éleveurs qui se sont plusieurs fois déplacés à la recherche du pâturage.
« Mais les résultats atteints sont très encourageants et la série des vaccinations prévues va se poursuivre. On ne sait pas encore comment, surtout qu’on parle maintenant de la clôture du projet. Sinon tous les vaccins prévus vont être administrés pour assainir la zone contre les maladies qui ravagent les bétails dans la zone », a rassuré Bob Katay.
Des perspectives de clôture du projet !
PICAGL a été prolongé deux fois déjà. Pour la prolongation en cours, la date de clôture est de 17 juin 2024 courant, soit pratiquement dans 5 ou 6 jours. Mais sur terrain, le projet arrive à son terme avec des résultats très encourageants.
On va noter par exemple que dans la chaîne de valeur manioc où les gens récoltaient par hectare 7 à 8 tonnes, PICAGL est arrivé avec l’objectif de booster cette production à un moins 14 tonnes à l’hectare.
Mais avec les différentes variétés introduites par le projet, on a atteint la moyenne de 25 tonnes à l’hectare. Il y a des coins les plus élevés comme Fizi, Kalemie où les agriculteurs ont atteint 40 tonnes à l’hectare. Ici on constate que le projet a largement dépassé la cible du projet. Avec les ménages ciblés soit 80.000, le projet est allé jusqu’à 108 000 ménages. Dont plus de 64.000 au Sud-Kivu.
Dans la même chaîne de valeur manioc, le projet a introduit 6 nouvelles variétés à haut rendement et qui supportent suffisamment les maladies qui ravagent les manioc.
« Ce qui est beaucoup plus impressionnant est que toutes ces variétés ont été acceptées au catalogue national des semences. Donc c’est un travail très impressionnant que le projet a fait avec le manioc », s’est contenté de Bob Katay.
Dans cette chaîne de valeur manioc, le projet prévoyait l’aspect d’encadrement et de création d’emplois pour jeunes. Aujourd’hui on compte 280 entreprises des jeunes accompagnées et accélérées par le projet.
Du côté riz, le projet a fait des exploits. Là où les riziculteurs produisaient difficilement une tonne à l’hectare, aujourd’hui avec le projet, ils ont atteint une moyenne de 4 à 5 tonnes à l’hectare, grâce aux nouvelles techniques culturales et les semences améliorées introduites par le projet.
« Aujourd’hui le Riz Nyangenyange est la preuve vivante du projet et fait la fierté de la production locale du riz en province », soutient le chargé de communication du projet.
Grâce aux aménagements communautaires réalisés par le projet, les riziculteurs sont capables de produire pendant toutes les saisons culturales de l’année.
Dans ce secteur, PICAGL s’est lancé avec des approches, notamment les aménagements communautaires où les agriculteurs eux-mêmes appuyés par le projet s’organisent pour canaliser l’eau dans les périmètres pour permettre que les riziculteurs travaillent toute l’année durant.
Du côté élevage, on va noter des avancées très significatives parmi lesquelles le taux de mortalité des bêtes sensiblement réduit. À l’arrivée du projet, le tableau du taux de mortalité affichait 10% mais aujourd’hui on signale une baisse jusqu’à 2% de mortalité grâce à tout ce que PICAGL a apporté comme amélioration et innovations dans le secteur de la Santé animale.
Pour ce qui est du rendement du lait, les chiffres significatifs démontrent que là où on avait 500 litres par vache par période de lactation, grâce au projet on est à 1 215 litres par vache par période de lactation. Donc trois fois plus que ce qui était avant l’arrivée du projet.
Avec les appuis reçus du projet pour l’hygiène et la transformation du lait, l’Office Congolais de contrôle a certifié propre le lait produit et commercialisés par les producteurs appuyés par PICAGL.
En ce qui concerne les infrastructures, le projet devrait réhabiliter des routes de desserte agricole. Selon les statistiques publiés ce jour, on note que les 100% des routes ont été réhabilitées soit 244 kilomètres par méthode Himo et 25 kilomètres par méthode semi mécanisée. Pour le projet, tout reste dans les mains du gouvernement et de la population qui devrait tout mettre en œuvre pour amener ces acquis dans la durabilité.
À côté de ces routes, le projet a réalisé des ouvrages d’art, notamment des ponts et des dallons. Au Sud-Kivu on compte au total 39 ponts et 210 dalons. Tous ces travaux ont généré des bénéfices importants (création de plus de 4 000 emplois) au Sud-Kivu et au Tanganyika.
À travers la chaîne de valeur Intégration régionale, des infrastructures de recherche agricole, ont été construites pour certaines et réhabilitées pour d’autres, par le projet. Plusieurs d’entre elles sont déjà mises en service.
C’est le cas de l’usine de production modulaire d’Aflasafe qui a été construite à Kalambo pour contribuer à la sécurité alimentaire dans l’Est de la RDC et dans la région des Grands Lacs.
Cette usine construite et équipée par le projet est une première dans la zone d’intervention du projet grâce à laquelle les agriculteurs ont désormais accès à l’alfasafe qui est un produit qui lutte efficacement contre les aflatoxines et qui rend plus sûrs et plus sains les produits agricoles.
Le projet a à son actif la mise en place d’un modèle de prestation de services de recherche autour des laboratoires réhabilités et équipés de l’INERA et du CRSN Lwiro.
Une énième prolongation pour un projet aux résultats satisfaisants!
Aux dernières nouvelles, nous apprenons qu’il y a une démarche en cours qui pourrait aboutir à une énième prolongation du projet.
« Étant donné que le projet produit des résultats qui satisfassent, déjà au niveau de la province, les autorités ont sollicité à ce que le projet se poursuive », renseigne le chargé de communication du projet sans trop de commentaires.
L’autorité provinciale du Sud-Kivu a même émis le vœu de voir le partenaire (Banque Mondiale) ajouter des fonds additionnels pour que tout ce que le projet a fait soit davantage consolidé.
Mais avec le fonds initial, il y a une enveloppe importante qui reste étant donné que les activités déjà réalisées n’ont pas consommé tous les fonds.
Déjà, au niveau national, le Ministère de l’Agriculture et celui des Finances ont écrit à la Banque Mondiale pour autoriser la poursuite des activités non encore achevées.
Bértin Bulonza