La Synergie de la Société Civile et des Mouvements Citoyens d’Uvira, regroupant huit structures de la société civile et cinq mouvements citoyens, alerte sur la situation préoccupante de l’insécurité alimentaire dans la ville et le territoire d’Uvira. Dans un communiqué signé le 14 novembre 2025 et parvenu à notre rédaction ce jeudi 20 novembre, ces organisations dénoncent la précarité alimentaire qui touche une majorité de la population locale.
Selon ces acteurs citoyens, Uvira, pourtant riche de terres arables, d’un climat favorable à l’agriculture et l’élevage dans la Plaine de la Ruzizi et les Moyens et Hauts Plateaux, ainsi que d’un Lac Tanganyika poissonneux, dépend encore largement de produits importés des provinces voisines et des pays limitrophes, notamment le Burundi, la Tanzanie et le Rwanda.
La synergie rappelle que depuis plusieurs années, les populations des Moyens et Hauts Plateaux sont massivement déplacées en raison des conflits intercommunautaires. Les inondations de 2020 ont dévasté les champs et les exploitations agricoles, laissant des milliers de sinistrés sans abri et incapables de subvenir aux besoins alimentaires de leurs familles.
Uvira, qui abritait autrefois de nombreuses entreprises agro-industrielles telles que le CDC-Kiringye, la Cotonnière Luvungi, le Projet Agro-Pastoral de Bwegera ou la Sucrerie de Kiliba, connaît aujourd’hui une dépendance accrue aux importations agricoles. L’élevage de bovins, caprins, ovins et la production avicole, pourtant intense dans les plateaux, peine à atteindre la ville en raison de l’enclavement et des violences liées à l’AFC/M23.
La pêche semi-industrielle, pratiquée par des opérateurs comme Yorgo, Sarhani ou Variakas, s’est arrêtée depuis trois décennies. Aujourd’hui, la pêche artisanale dans le Lac Tanganyika souffre de pratiques destructrices, telles que l’utilisation des filets Maillard qui empoisonnent les poissons, les pillages par des acteurs étrangers et les saisies arbitraires des filets par les autorités burundaises.
Ces facteurs contribuent à une pénurie de poisson, pourtant aliment principal pour environ 80 % des habitants via le Marché Maendeleo.
La synergie note que l’insécurité alimentaire est aggravée par l’afflux de déplacés provenant du Nord-Kivu, de Bukavu et d’autres zones affectées par les conflits. Cette situation, si elle n’est pas rapidement prise en charge, pourrait mettre toute la partie Est de la République Démocratique du Congo en danger sur le plan alimentaire.
Face à cette situation, la synergie et les mouvements citoyens adressent plusieurs recommandations au gouvernement congolais :
- Restaurer l’autorité de l’État dans la ville et le territoire d’Uvira pour permettre aux populations de pratiquer l’agriculture et l’élevage en toute sécurité.
- Relancer les entreprises agro-industrielles locales : CDC-Kiringye, La Cotonnière Luvungi, Projet Agro-Pastoral de Bwegera, Sucrerie de Kiliba.
- Mettre en place un programme spécial d’appui à l’agriculture et à l’élevage dans la Plaine de Ruzizi et les plateaux.
- Créer un fonds d’appui aux coopératives encadrant les petits agriculteurs et éleveurs.
- Renforcer la sécurité des pêcheurs et soutenir les coopératives de pêche tout en interdisant les filets destructeurs dans le Lac Tanganyika.
- Relancer la pêche semi-industrielle via des bateaux.
- Construire et réhabiliter les routes desservant les zones agricoles.
Pour la synergie, l’agriculture et la sécurité alimentaire représentent des solutions essentielles aux besoins vitaux de la population d’Uvira. Sans interventions concrètes à court, moyen et long terme, les potentialités agricoles et halieutiques de la région resteront inexploitées, et l’insécurité alimentaire risque de s’aggraver dans toute la partie Est du pays.

