La plupart des maladies somatiques trouvent leur origine dans des problèmes de santé mentale. C’est ce qu’a affirmé Théophile Walulika, ministre de la Santé publique, des Affaires humanitaires et du Bien-être, ce jeudi 10 octobre 2024, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale.
Cette journée est célébrée cette année sous le thème « Il est temps de donner la priorité à la santé mentale sur le lieu de travail », avec comme thème national « Investissons dans la santé mentale en milieu de travail ».
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Lors de son discours d’ouverture lors de la conférence organisée à l’hôtel Ruzizi, en commune d’Ibanda, à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, le ministre a souligné que, bien que la santé mentale soit un pilier essentiel de notre système de santé, elle est souvent négligée.
Cette négligence entraîne des conséquences visibles, et de nombreux cas de troubles mentaux restent non traités dans la communauté et sur le lieu de travail. Cela donne le champ libre aux charlatans qui peuvent exacerber les problèmes de santé mentale au sein de la population.
« De plus en plus, nous constatons des comportements anormaux chez nos agents, mais beaucoup préfèrent les ignorer, pensant que cela ne concerne pas leur quotidien. Or, la situation actuelle du peuple congolais, notamment celle de la population du Sud-Kivu, les expose à des problèmes mentaux », a-t-il déclaré.
En revenant sur le naufrage survenu le 3 octobre, il a expliqué que les familles des victimes sont probablement en détresse psychologique et qu’il y a un risque que certains développent des troubles mentaux, nécessitant une assistance qui est actuellement négligée.
Concernant le thème de l’année, Walulika a évoqué les salaires des travailleurs qui ne couvrent pas leurs besoins essentiels, alors qu’ils sont contraints d’être présents au travail chaque jour. Ce facteur contribue significativement aux problèmes de santé mentale.
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«Pour garantir que la population est en bonne santé, il ne suffit pas d’examiner leur état physique. Il est crucial de prêter attention à leur santé mentale, car des problèmes psychologiques peuvent se manifester sous forme de maladies somatiques. Nous savons tous qu’une personne en détresse mentale peut développer de nombreuses affections, comme la gastrite, l’hypertension ou le diabète, exacerbées par le stress », a-t-il ajouté.
Le ministre a appelé le gouvernement et ses partenaires à s’assurer que les conditions de travail des employés soient améliorées, notamment en fixant des heures de travail appropriées.
« D’ici à la fin de ce mois ou le mois prochain, nos équipes viendront évaluer la manière dont les travailleurs sont traités par leurs employeurs. Ce contrôle est un exercice normal de l’État congolais visant à garantir la stabilité mentale des travailleurs pour qu’ils puissent fournir un travail de qualité », a-t-il précisé.
De son côté, le Docteur Dévote Ciregano Mulangala, coordinatrice du programme national de santé mentale au sein de la division provinciale de la santé du Sud-Kivu, a souligné que cette journée mondiale est essentielle pour sensibiliser aux questions de santé mentale.
« C’est aussi un moment pour notre éducation mutuelle sur ces problématiques. Nous sommes ici pour partager idées, expériences et ressources afin d’améliorer notre bien-être cognitif, émotionnel et comportemental ».
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Le Docteur Théophile Kashinzi a également abordé les piliers de la santé mentale au travail, en soulignant les causes des problèmes mentaux, notamment la pression liée aux nouvelles technologies, le travail urgent, les conflits interpersonnels et l’insalubrité des lieux de travail.
En guise de mesures préventives, il a recommandé des activités de relaxation, de détente, une bonne hygiène de vie, et a encouragé chacun à consulter un spécialiste en cas de besoin.
Cette journée a mis en lumière l’importance cruciale de la santé mentale au travail, appelant à une prise de conscience collective pour améliorer le bien-être des travailleurs et, par conséquent, celui de la société tout entière.