Togo : trois présumés trafiquants arrêtés avec une défense d’éléphant à Atakpamé

Trois présumés trafiquants d’ivoire ont été arrêtés le 5 juin 2025 à Talo, un quartier périphérique de la ville d’Atakpamé, en possession d’une gigantesque défense d’éléphant qu’ils s’apprêtaient à vendre. Cette opération a été menée par la Brigade de Recherche et d’Investigation (BRI) d’Atakpamé et le Ministère de l’Environnement, avec l’appui de l’ONG EAGLE-Togo.

Les suspects — A. Salam, H. Soulemane et A. Djerilou, tous de nationalité togolaise — ont été placés en garde à vue, puis présentés au procureur du Tribunal de Grande Instance d’Atakpamé avant d’être déférés à la prison civile le 10 juin.

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Ils sont poursuivis pour détention, circulation et commercialisation illégale de produits issus d’une espèce intégralement protégée, en l’occurrence l’éléphant, en violation des lois togolaises et de la convention CITES. En cas de condamnation, ils risquent de un à cinq ans de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 50 millions de francs CFA.

Un trafic bien organisé depuis le Ghana

L’enquête révèle que l’ivoire provenait du Ghana. La défense, dissimulée dans un sac à céréales, a été acheminée à moto jusqu’à la région centrale du Togo, puis transportée par voiture vers Atakpamé, en vue d’une transaction estimée à plus de 3 millions de francs CFA.

Le principal fournisseur, l’un des trois interpellés, a reconnu être l’auteur de l’abattage de l’éléphant, qu’il a tué dans une zone frontalière avant d’arracher sa défense. Il affirme que les véritables commanditaires seraient basés au Ghana.

Malgré l’interdiction du commerce international de l’ivoire depuis 1989, le Togo reste un point de transit important pour ce trafic. Le pays a perdu plus de 80 % de sa population d’éléphants, selon des données du WWF.

Le nouveau code pénal togolais, via son article 761, punit sévèrement le commerce illégal d’espèces protégées, avec des peines allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Des campagnes de sensibilisation, le renforcement de la législation et des partenariats internationaux sont déployés pour contrer ce fléau. Pourtant, le braconnage persiste.

Selon EAGLE-Togo, le trafic d’espèces sauvages est un crime organisé majeur, souvent lié à d’autres trafics (drogue, armes) et qui porte atteinte à l’équilibre des écosystèmes. Les éléphants, par exemple, jouent un rôle crucial dans la dispersion des graines et la régénération des forêts.

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Outre le braconnage, la perte d’habitat due à l’agriculture industrielle et à l’urbanisation contribue aussi à la chute rapide des populations d’éléphants.

Cette arrestation survient un an après le procès de quatre trafiquants d’ivoire, deux Togolais et deux Burkinabè, condamnés le 9 octobre 2024 à 36 mois de prison, dont 24 avec sursis, par le tribunal de Kara.

Les autorités togolaises, engagées dans la lutte contre la criminalité faunique, continuent d’appeler à la vigilance et à la collaboration de la population pour protéger la biodiversité.

Trésor Wilondja 

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