Tshuapa : colère des populations d’Ikela après l’attribution contestée de 250.000 ha de forêt à la société Ledya

Global Witness

La tension ne faiblit pas dans la province de la Tshuapa. À Boende, des centaines de ressortissants du territoire d’Ikela ont manifesté, ce mercredi 10 décembre 2025, contre ce qu’ils qualifient d’« expropriation forcée » de leur forêt par la société Ledya. Une concession de près de 250.000 hectares aurait été attribuée à l’entreprise dans des conditions jugées opaques et contraires au Code forestier.

Brandissant calicots et rameaux, les manifestants ont dénoncé une transaction conclue sans leur consentement. Ils pointent notamment du doigt le paiement par Ledya d’une taxe de superficie de 100.000 USD, perçue selon eux sans consultation préalable des communautés locales, en violation du principe de Consentement Libre, Informé et Préalable (CLIP).

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Leur porte-parole, Maître Pierre Esanganya, a interpellé directement le gouverneur intérimaire, Albert Bokongo.

« Nous refusons catégoriquement l’attribution de notre concession forestière à la société Ledya. Nos forêts constituent notre unique patrimoine culturel et économique. Nous exigeons le retrait pur et simple de tout contrat », a-t-il déclaré, exprimant un vif sentiment de trahison.

Selon mediacongo.net, la réponse du gouverneur intérimaire a ravivé la frustration des protestataires.

« Je prends acte de votre mémorandum et je le transmettrai aux autorités compétentes. »

Une déclaration jugée trop laconique par les communautés, d’autant que cette mobilisation est la deuxième en 48 heures dans la province.

L’affaire Ledya à Ikela relance le débat sur l’application du CLIP en RDC, souvent bafoué dans les transactions forestières. Au-delà des enjeux environnementaux, les populations s’inquiètent de voir planer la menace d’une déforestation massive et d’une expropriation silencieuse.

À Kinshasa, le gouvernement central est désormais interpellé sur le sort de ces 250.000 hectares de forêts communautaires, devenus un dossier autant juridique que politique.

Joseph Aciza

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