Un hippopotame a été abattu ce samedi 30 novembre 2024 dans le village de Kabimba, situé dans le groupement de Kakungwe, Chefferie des Bavira, en territoire d’Uvira, au Sud-Kivu. Selon des sources locales, l’hippopotame a été tué par des éléments des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC).
Des habitants contactés par La Prunelle RDC expliquent que cette espèce protégée était devenue une source d’insécurité dans la région.
« L’hippopotame est sorti de l’eau ce matin à proximité d’une position militaire, à environ 30 mètres de la Route Nationale Numéro 5. C’est dans la panique que des habitants et des militaires ont pris la fuite pour se protéger. Un militaire, qui est tombé, a alors été approché par l’animal. C’est à ce moment-là que les autres ont tiré sur cet hippopotame pour sauver leur camarade », explique un habitant à La Prunelle RDC.
Crime environnemental, répond le REMADIE
L’abattage de cet animal est dénoncé par des défenseurs de l’environnement.
Le Coordinateur du Réseau des Magistrats, Avocats, Défenseurs Judiciaires et Inspecteurs Environnementaux (REMADIE), qui œuvre dans la région, qualifie cette nouvelle d’« effroyable ».
« Je me réveille avec cette effroyable nouvelle d’un crime environnemental qui me glace le sang. C’est pour ce genre d’événements macabres que notre pays n’est pas pris au sérieux. C’est à cause de ce genre de choses que nous sommes mis sur le banc des États qui ne respectent pas les Conventions Internationales librement ratifiées », s’indigne Me Kimputu Kimena, Coordonnateur du REMADIE.
Pour ce défenseur de l’environnement, la situation est d’autant plus choquante que le « crime » a été commis par des éléments des FARDC.
« Voyez-vous ces militaires qui abattent une espèce protégée et se filment avec fierté », insiste-t-il, dépité.
Il annonce qu’une plainte sera déposée contre inconnu en vue de rendre justice dans ce dossier.
« J’annonce ici que je rédige déjà une plainte contre inconnu pour ce crime environnemental odieux. Cette fois-ci, nous allons remonter jusqu’à l’Auditorat Général. Nous cherchons encore des informations sur ces unités stationnées à Kabimba, mais dès lundi matin, l’Auditeur Militaire de Garnison d’Uvira sera saisi de ce dossier », précise-t-il.
Me Kimputu annonce qu’il est prêt à organiser d’autres actions pour faire entendre sa voix dans ce dossier.
Les hippopotames au centre des plaintes à Uvira et Fizi
Il faut dire que les hippopotames sont au cœur de plusieurs plaintes dans les régions d’Uvira et de Fizi.
Récemment, M. Kiza Kilozo Félicien, chef du groupement Basimukuma-Sud, a déposé une plainte auprès du Procureur du Tribunal de Paix de Fizi, demandant l’abattage d’un hippopotame qui troublerait la quiétude des habitants du village Simbi, situé à 17 kilomètres de Malinde, dans le territoire de Fizi, au Sud-Kivu.
Il soulignait que, bien que la faune sauvage soit importante pour l’écosystème, la vie des habitants doit primer en cas de danger imminent. L’animal, responsable de dégâts importants, agresse régulièrement les paysans dans leurs champs.
« Par crainte que cet animal n’occasionne une perte humaine, car il agresse toujours cruellement les paisibles citoyens cultivateurs pendant leurs activités champêtres, nous osons demander que cet animal soit abattu, car on ne peut pas comparer la vie d’un humain et celle de l’animal », déclarait l’autorité traditionnelle.
Cette plainte, transmise à diverses autorités locales, dont l’administrateur du territoire de Fizi et les responsables de l’ANR (Agence Nationale des Renseignements), afin que des mesures urgentes soient prises, a été largement critiquée sur les réseaux sociaux.