Gestion des Déchets au Sud-Kivu : une urgence collective (Editorial)

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Des déchets au marché de Nyawera à Bukavu. Photo d'illustration

La gestion des déchets dans la ville de Bukavu est devenue une problématique cruciale qui exige notre attention immédiate et collective. Avec près de 898 tonnes de déchets générées quotidiennement, selon la Synergie des Organisations d’Assainissement (SOA-RDC), la situation devient de plus en plus ingérable, mettant en péril la santé publique et l’environnement. Face à cette réalité alarmante, il est impératif d’examiner le rôle de toutes les parties prenantes, notamment les prestataires de services, les autorités locales et l’État congolais.

Depuis plusieurs années, les prestataires de services de gestion des déchets se heurtent à un manque de soutien institutionnel. Aucun plan quinquennal de gestion des déchets n’a été mis en place, malgré les recommandations claires de l’Édit Provincial portant gestion des déchets.

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Ce vide stratégique est d’autant plus préoccupant, car ces entreprises n’ont reçu aucune subvention depuis l’arrivée du Maire en fonction. Cette absence de soutien financier compromet gravement leurs efforts pour maintenir un environnement propre et sain.

L’implication des mouvements associatifs et des entreprises locales est essentielle pour pallier les lacunes laissées par l’État. Cependant, ces acteurs font face à des défis considérables, tels que des retards de paiement par des entités publiques. À titre d’exemple, la Régie financière provinciale (DPMER) qui a du mal à régler ses factures d’évacuation pendant plus d’un an, selon la SOA.

Les premières pluies de la saison ont été particulièrement meurtrières, illustrant les dangers d’une gestion défaillante des déchets.

À chaque averse, les déchets bloquent les caniveaux, entraînant des inondations dans les rues, les quartiers et les avenues, et causant des pertes humaines tragiques.

Les habitants de Bukavu, notamment dans les Communes d’Ibanda, Kadutu particulièrement souffrent d’une absence de stratégie de gestion efficace, et les déchets s’accumulent, entraînant des problèmes de santé publique et une dégradation de l’environnement.

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Face à cette situation, des appels à la mobilisation générale se font entendre. Il est peut-être impératif de convoquer des états généraux sur la gestion des déchets afin de réfléchir à des solutions durables et adaptées aux besoins spécifiques de la ville. Les chefs des quartiers doivent également jouer un rôle actif dans le plaidoyer auprès des autorités compétentes pour obtenir le soutien nécessaire.

Parallèlement, les gouvernants devraient réfléchir à des mesures institutionnelles visant à décourager la production d’emballages plastiques.

Par exemple, les producteurs d’emballages plastiques pourraient être soumis à des taxes spécifiques, permettant de dégager des fonds pour répondre aux défis environnementaux liés à la prolifération des déchets plastiques dans la ville. Avec un peu de volonté de la part des décideurs, il est possible d’engager une réflexion profonde sur cette problématique cruciale.

L’option de recourir à des entreprises étrangères pour gérer les déchets est perçue par de nombreux acteurs locaux comme une insulte à leur expertise. La valorisation des compétences locales est essentielle pour bâtir un avenir meilleur pour le Sud-Kivu. La gestion des déchets ne doit pas être considérée comme un simple problème technique, mais comme un enjeu de gouvernance qui nécessite une action concertée.

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Pour avancer vers une gestion des déchets efficace, il est crucial que toutes les parties prenantes s’unissent et agissent de manière cohérente. Seule une stratégie collective permettra de surmonter les défis actuels et d’assurer un environnement sain pour tous les habitants de Bukavu.

L’heure est à l’action, et il est temps de transformer cette crise en opportunité pour réinventer notre approche de la gestion des déchets.

Claudine Kitumaini

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