Dix-sept citoyens chinois, quatre Congolais, deux interprètes (un Burundais et un Congolais), ainsi que leurs véhicules ont été présentés à la presse à Bukavu, ce vendredi 20 décembre 2024. Ces individus sont poursuivis pour exploitation illégale des minerais sur le site de Karhembo, dans le groupement Rhubimbi, territoire de Walungu, au Sud-Kivu.
Le ministre provincial des Finances, Bernard Muhindo, qui a conduit l’opération, a promis de démanteler d’autres réseaux similaires dans d’autres territoires.
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La descente à Karhembo a été menée par une délégation composée des ministères provinciaux des Mines et des Finances, de la Direction provinciale de mobilisation et d’encadrement des recettes (DPMER) et de l’élue de Walungu, Béatrice Nanvano. Selon Bernard Muhindo, la mission visait à vérifier les informations faisant état d’une exploitation minière illégale par une société chinoise.
Sur place, la délégation a découvert des activités en cours impliquant des Chinois, des policiers de la Police des mines, et des Congolais. Ces individus exploitaient illégalement de l’or, du mercure rouge, et de la cassitérite sans documents d’identité ni permis d’exploitation.
« Nous avons demandé à voir leurs papiers. Ils ont fini par avouer que 64 Chinois travaillaient sur ce site. Ils nous ont dit que leur bureau administratif se trouvait à Bukavu. Nous avons alors emmené leurs responsables pour qu’ils fournissent tous les documents requis », a expliqué Bernard Muhindo.
Le ministre a dénoncé les tentatives de certaines autorités provinciales et nationales de faire libérer les prévenus. Il a également révélé que les Chinois avaient proposé des pots-de-vin et de l’or pour éviter des poursuites.
« Nous ne céderons à aucune pression ni corruption. Les richesses minérales du Congo appartiennent aux Congolais », a-t-il affirmé.
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L’élue de Walungu, Béatrice Nanvano, a salué cette intervention tout en dénonçant les conséquences environnementales des activités des Chinois, notamment l’abattage illégal d’arbres et la construction de cachots pour punir arbitrairement les travailleurs locaux. Elle a également signalé l’existence de 39 autres sites d’exploitation non reconnus par l’État dans le territoire de Walungu.
« Ces activités détruisent notre environnement, exploitent nos ressources sans payer de taxes, et laissent nos routes dans un état de délabrement. Cela doit cesser », a-t-elle insisté.
La Présidente du Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu, Me Néné Bintu Iragi, a exhorté le gouvernement provincial à maintenir une position ferme face aux pressions politiques pour protéger les intérêts des populations locales.
Depuis son arrivée au pouvoir, le gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi, a suspendu toutes les activités minières non conformes dans la province. Malgré ces mesures, l’affaire de Karhembo met en lumière les défis persistants dans le secteur minier.
Cette arrestation marque un pas important vers la régulation du secteur minier au Sud-Kivu. Le ministre des Finances a réaffirmé l’engagement de l’exécutif provincial à appliquer les lois pour assainir le secteur et maximiser les recettes au profit de la population.
La conférence de presse, organisée à l’hôtel New Riviera, a réuni le ministre provincial des Mines, Martin Bitijula, le chef de la Division provinciale des Mines, des journalistes, et des représentants de la Société civile.