Bukavu : La Journée mondiale de la santé sexuelle met en lumière le tabou autour de la jeunesse

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Le 4 septembre, le monde célèbre la Journée mondiale de la santé sexuelle. Cette année, le thème retenu est « La justice sexuelle », qui souligne l’importance de garantir la santé, les droits et le plaisir sexuel pour toutes et tous. À Bukavu, cette journée a été l’occasion de mettre en avant le tabou qui entoure encore la santé sexuelle au sein des familles et de l’entourage des jeunes.

Selon plusieurs jeunes et professionnels de santé rencontrés, la sexualité reste un sujet délicat, rarement abordé dans les foyers. Pourtant, beaucoup estiment que ces discussions sont essentielles pour informer et protéger la jeunesse.

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Pour Elie Cirhuza, jeune entrepreneur, parler de santé sexuelle en famille dès le bas âge est primordial :

« Dans ma famille, nous en discutons souvent. Mes parents travaillent dans le domaine médical et nous encouragent à avoir ces échanges ouverts. Ma mère aborde par exemple la question de l’hygiène menstruelle avec mes sœurs et nous parle de la protection contre les IST. Ces discussions créent un climat de confiance et renforcent les liens entre frères et sœurs tout en permettant un partage d’informations important », explique-t-il.

Elie Cirhuza insiste que l’éducation sexuelle aide à démystifier la sexualité, à sensibiliser les jeunes sur leur santé et à améliorer leur bien-être.

La campagne mondiale met en avant quatre axes majeurs :

  • Les droits sexuels : reconnaissance et mise en œuvre des droits fondamentaux liés à la sexualité.
  • La santé sexuelle : accès à des soins et services de santé sexuelle de qualité.
  • Le plaisir sexuel : promotion de l’épanouissement et du bien-être sexuels.
  • L’équité sexuelle : recherche de l’égalité de genre et lutte contre toutes les formes de discrimination et de violence sexuelle.

Pour Olivier Muzaliwa, agent de santé à l’hôpital Sky-Borne, les familles continuent d’éviter le sujet :

« Chez nous, on ne parle pas de santé sexuelle car c’est considéré comme honteux. Pourtant, la rue et les réseaux sociaux exposent les jeunes à toutes sortes d’informations, souvent inexactes. Les parents devraient parler à leurs enfants – le père à son fils et la mère à sa fille – pour éviter que certains sujets restent cachés », alerte-t-il.

De son côté, Dr Shela Ruvisa, licenciée en médecine à l’Université Officielle de Bukavu, témoigne :

« Je n’ai jamais entendu ma famille aborder le sujet de la santé sexuelle. C’est à l’école et dans la rue que j’ai commencé à en entendre parler. C’est déplorable, car ce silence laisse la place aux fausses informations et expose les jeunes aux prédateurs sexuels. »

La majorité des jeunes interrogés affirment qu’ils ne discutent pas de santé sexuelle en famille. Ils appellent les parents à instaurer un dialogue ouvert afin d’accompagner leurs enfants dans les choix éclairés, notamment à la puberté, pour prévenir les IST, les grossesses non désirées et les avortements à risque.

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Ils encouragent également les jeunes à poser des questions à leurs parents ou à des personnes de confiance, et à s’autoformer en recherchant des informations fiables sur leur santé et leur corps, car « la connaissance est un puissant outil de protection ».

Sylvie Bahati et Denise Neema

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