Face à la crise économique et à l’insécurité croissante, de nombreux jeunes de Bukavu quittent la ville pour rejoindre des zones minières reculées, espérant y trouver un revenu. Surnommés « Kassomba » — littéralement « transporteurs » —, ils sont des centaines, souvent à peine sortis de l’adolescence, à travailler dans les carrières d’or ou de sable. Leur quotidien : soulever de lourds sacs de matériaux sur leurs épaules, marcher sur de longues distances et recommencer jusqu’à l’épuisement, pour des gains incertains.
Dans ces sites, l’attrait principal reste la promesse d’un revenu rapide. Mais cette promesse s’avère souvent trompeuse.
« Si on a raté les études, on n’a pas de travail, et si on n’a pas de travail, il faut trouver un moyen de survivre », explique l’un d’eux.
Les journées sont rythmées par des tours où chacun attend d’être appelé pour charger et transporter. Les sacs passent de main en main, mais les gains, eux, sont maigres. Ce travail harassant maintient les jeunes dans un cycle de survie, où chaque jour ressemble au précédent.
Parmi ces jeunes, Pascal Buhendwa, originaire de Bukavu, est aujourd’hui transporteur de sable dans la mine artisanale de Luhihi, au site de Lomera, dans le territoire de Kabare, au Sud-Kivu.
« Il y a beaucoup de travail à faire ici, mais sans moyens ni équipement, c’est difficile. Nous demandons aux gens de nous aider à mieux nous installer pour pouvoir travailler correctement », confie-t-il.
Chaque journée, il gagne à peine de quoi acheter un repas, et nourrir sa famille est un combat permanent.
Ces zones minières, déjà marginalisées, sont en plus exposées aux tensions armées. Dans les territoires de Kabare et Walungu, l’insécurité perturbe fortement les activités minières et expose les Kassomba à des risques élevés : violences, pillages, exploitation.
Sans sécurité sociale ni accès aux soins, ils travaillent dans des conditions dangereuses, affrontant blessures, maladies respiratoires dues à la poussière, et parfois accidents mortels.
Cette réalité illustre le sort de milliers de jeunes en République Démocratique du Congo : renoncer à leurs rêves pour survivre, au prix de leur santé et de leur sécurité.
Les témoignages comme celui de Pascal Buhendwa soulignent l’urgence d’une réponse humanitaire et politique qui allie sécurité, alternatives économiques durables et protection sociale.
Pour l’heure, dans ces carrières reculées, l’or et le sable transportés semblent valoir plus que la vie de ceux qui les portent. Pourtant, ce sont leurs forces et leur courage qui font vivre cette économie invisible aux marges du pays.