Gestion des déchets à Bukavu : la SOA évoque des défis et propose des solutions !

la centrale hydroélectrique Ruzizi I

Le 1er octobre 2024, la ville de Bukavu a accueilli une réunion cruciale sur la gestion des déchets, initiée par le ministre provincial de l’Environnement. Cette rencontre visait à sensibiliser les parties prenantes sur les défis persistants dans ce domaine, en soulignant l’urgence d’une gouvernance participative et inclusive. Les statistiques révèlent qu’environ 898 tonnes de déchets sont produites chaque jour à Bukavu, mais seulement 135 tonnes, soit 15 %, sont actuellement évacuées par les 28 structures en charge, dont 23 font partie du réseau de la Synergie des Organisations d’Assainissement (SOA-RDC).

Les 763 tonnes restantes, surtout issues de la commune de Kadutu, aggravent la pollution de l’environnement et menacent le lac Kivu, explique la Synergie.

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« Depuis ce jour-là, les informations fusent de partout sur les risques de la politisation de la gestion des déchets et pourtant une question technique ! », s’inquiète la SOA.

Cette situation soulève des interrogations parmi les gestionnaires de déchets. Ils se demandent comment ils peuvent être tenus responsables de la pollution alors qu’ils effectuent un travail difficile dans des conditions précaires.

En effet, explique la SOA, 300 jeunes collecteurs travaillent avec acharnement dans des quartiers comme Nyalukemba et Ndendere, mais leur travail est souvent minimisé par des acteurs politiques.

“Comment comprendre que certaines mauvaises langues aillent jusqu’à qualifier les gestionnaires des déchets des richards comme si l’on était en train de se moquer d’eux ? Si les secteurs stratégiques de l’électricité et de l’eau sont libéralisés en RD Congo, comment pouvons-nous imaginer un seul instant au siècle présent l’idée de monopole de gestion des déchets que l’on pourrait vouloir accorder à une seule entreprise ? Qu’est-ce qui arriverait à notre ville si jamais les collecteurs des déchets suspendaient leur service ne fût- ce que deux ou trois semaines ? Comment comprendre que certains décideurs politiques usent souvent de leur position officielle pour mettre en moule les initiatives locales au profit des camarades politiques ? Comment encore comprendre que l’initiative des travaux communautaires dits Salongo soit considérée comme une tâche dévolue uniquement à une seule entité de la ville de Bukavu ? Comme pour dire Ni bya Mairie bile ! Tels sont les propos que l’on entend une fois au niveau de différentes entités urbaines. Voilà les types de discours et la mauvaise mentalité qui tendent à politiser ce secteur relatif à la gestion des déchets. »

La première proposition de la part des structures gestionnaires est de reconnaître l’importance de leur rôle et d’éviter toute politisation qui nuirait à l’efficacité de la collecte des déchets.

Les gestionnaires expriment également leur inquiétude face à l’idée d’un monopole sur la gestion des déchets.

Dans un pays où d’autres secteurs comme l’électricité et l’eau sont libéralisés, un tel monopole serait inadéquat.

Ils demandent plutôt une meilleure coordination entre les différents acteurs, en consolidant un système de zonage qui permettrait de responsabiliser une structure unique pour chaque avenue, facilitant ainsi un suivi efficace.

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Parallèlement, les gestionnaires insistent sur la nécessité d’une campagne de sensibilisation visant à inciter tous les ménages à s’abonner aux services formels de collecte des déchets.

Cette action contribuerait, selon la SOA à une meilleure gestion et à une diminution des déchets non évacués.

Ils soulignent également l’importance d’accompagner les initiatives locales de recyclage, qui pourraient non seulement réduire la quantité de déchets, mais aussi relancer l’agriculture et améliorer la production alimentaire.

Le respect des droits acquis des gestionnaires de déchets est une autre préoccupation majeure.

« Pour rester conforme à l’édit provincial portant gestion des déchets au Sud-Kivu, il revient au Gouvernement Provincial, selon l’article 6, d’établir urgemment un plan provincial de gestion des déchets d’une durée de 5 ans en tenant compte des avis des services techniques, du Conseil Provincial de l’Environnement (organe à mettre en place), des scientifiques et des gestionnaires des déchets déjà à pied d’œuvre. Ce plan est à présenter à l’Assemblée Provinciale pour adoption, créer un Fonds Provincial d’appui à la gestion des déchets au Sud-Kivu ; consolider le zonage comme système de suivi de la gestion des déchets sur toutes les avenues (une avenue n’est desservie que par une structure pour un suivi efficace et la structure en question est la seule responsable de tout acte relevant de l’insalubrité en collaboration avec le chef d’avenue) ».

La SOA rappelle que de nombreux acteurs ont investi dans ce secteur, et il est essentiel de reconnaître leurs sacrifices. En parallèle, une fiscalité stricte sur l’importation de produits polluants, comme les emballages en plastique, pourrait contribuer à réduire la pollution dans la province.

« Mettre fin à toutes sortes d’actes et de pratiques constatés de la part de certains acteurs politiques qui visent la politisation du secteur de la gestion des déchets via des campagnes médiatiques et de diabolisation comme pour opposer la population aux gestionnaires des déchets, instaurer un système efficace des sanctions exemplaires à l’encontre des inciviques environnementaux (l’autorité de l’Etat doit se faire sentir dans tous les coins et recoins de la province. Nul n’est au-dessus de la loi et personne ne peut défier l’Etat :  La pénalisation du jeu désordonné des déchets tout au long des rues, caniveaux,  rivières, lacs, …est à encourager) ; réhabiliter, agrandir et construire des marchés urbains pour éviter la pollution  orchestrée par les marchés pirates, prendre des mesures efficaces pour appuyer les travaux communautaires dits  SALONGO décrété par la Mairie de Bukavu (instauration du système des jetons comme à l’époque de la deuxième république, sanctions exemplaires à l’encontre de  ceux qui sabotent ou politisent le Salongo, mise en place d’un mécanisme logistique et financier pour appuyer les cadres de base et prendre en charge les  déchets entassés çà et là après le Salongo,…) ».

Les discours qui opposent la population aux gestionnaires de déchets sont particulièrement préoccupants. Les gestionnaires appellent à mettre fin à ces pratiques, qui alimentent la méfiance et entravent la collaboration. Ils préconisent l’instauration de sanctions exemplaires pour les comportements inciviques, afin de rappeler que nul n’est au-dessus de la loi.

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En outre, les gestionnaires soulignent l’importance de réhabiliter et de construire des marchés urbains pour éviter la pollution causée par des marchés informels. Ils proposent également des mesures concrètes pour soutenir les travaux communautaires « Salongo », afin de mobiliser les citoyens autour de l’assainissement.

Pour la Synergie des Organisations d’Assainissement (SOA), les défis de la gestion des déchets à Bukavu sont nombreux, mais des propositions concrètes existent pour y faire face. La coopération entre les autorités, les gestionnaires et la population est essentielle pour instaurer une culture de propreté et de respect de l’environnement.

Les structures gestionnaires de déchets espèrent ainsi ouvrir un dialogue constructif, en vue d’un assainissement durable au Sud-Kivu, garantissant ainsi un environnement sain pour tous les habitants.

Marina Mwanda

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