Kivu : les communautés locales défient les géants pétroliers pour sauver leurs terres et leurs lacs

Kivu : les communautés locales défient les géants pétroliers pour sauver leurs terres et leurs lacs
des acteurs environnementaux/Climate Clock RDC

Les communautés locales du Nord-Kivu et du Sud-Kivu se lèvent pour défendre leurs terres et leurs lacs face aux projets pétroliers jugés menaçants. Depuis le 15 octobre 2025, des acteurs environnementaux mènent à Goma et à Bukavu une vaste campagne de sensibilisation contre le projet East Africa Crude Oil Pipeline (EACOP) et les 55 blocs pétroliers et gaziers récemment lancés par le gouvernement congolais.

Placée sous le slogan « Donner le pouvoir aux communautés locales », cette initiative veut alerter sur les conséquences écologiques et sociales que ces projets pourraient avoir sur les populations vivant autour des lacs Albert et Édouard.

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Selon Crispin Ngakani, point focal de Climate Clock DRC, la campagne se déroulera du 15 octobre 2025 au 15 janvier 2026. Elle vise un public large à travers des activités dans les lieux publics, les écoles, les universités, les marchés, mais aussi par des émissions radiophoniques.

« Cette campagne a pour objectif de sensibiliser les communautés sur les impacts et les dangers encourus par la population vivant aux alentours du lac Albert, suite au mégaprojet EACOP, un gigantesque oléoduc reliant l’Ouganda au port de Tanga en Tanzanie, en passant par le lac Édouard et impliquant désormais la RDC », explique-t-il à La Prunelle RDC.

À Goma, les actions se tiendront notamment à l’Institut Himbi, à Kyeshero, à l’Université Catholique La Sapienza et au marché Nyabushongo.

À Bukavu, elles auront lieu à l’ITFM, à l’Institut Avenir, à l’Université Catholique de Bukavu et dans les marchés de Bondeko. Les jeunes et les milieux éducatifs sont les cibles prioritaires, considérés comme des relais essentiels pour une transition écologique durable.

Pour Crispin Ngakani, la question dépasse largement le débat énergétique.

« Les énergies fossiles ne profitent en rien aux communautés locales. Elles appauvrissent les populations tandis que les multinationales s’enrichissent. Il est temps d’investir dans les énergies renouvelables, de soutenir les initiatives locales et les startups de jeunes qui produisent de l’énergie propre et verte. »

Portée par plusieurs organisations locales, la campagne veut susciter une prise de conscience collective et pousser les autorités à adopter une politique énergétique juste et participative. Ses initiateurs estiment que la véritable richesse du Congo « ne se trouve pas sous terre, mais dans ses forêts, ses rivières et ses citoyens conscients ».

Ils réclament une rupture nette avec le modèle extractiviste et demandent que la voix des communautés locales, souvent ignorées, soit enfin entendue dans les décisions nationales.

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« Le message est clair : la préservation de l’environnement et la protection des moyens de subsistance des Congolais valent mieux que les profits à court terme des projets pétroliers », affirment les défenseurs du climat.

Déjà relayé par plusieurs associations de la société civile, le mouvement s’impose comme un symbole de résistance verte. Une lutte qui dépasse les frontières du Kivu et incarne la volonté d’un peuple décidé à protéger ses terres, ses eaux et son avenir face aux ambitions des grandes compagnies pétrolières.

Abdallah Mapenzi

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