Lac Kivu : l’OVG conclut que les poissons morts dans les eaux du Golfe de Kabuno ont été « intoxiqués »

L’Observatoire Volcanologique de Goma a donné ses conclusions à la suite du phénomène des poissons morts observé le 3 juin dernier à Minova (Sud-Kivu) et Bweremana (Nord-Kivu) dans le Golfe de Kabuno. Il exclut l’hypothèse de mort par gaz et pointe du doigt une probable intoxication.




D’emblée, cet organisme de l’Etat fait remarquer que dans les agglomérations de Mubambiro, Camp de la Monusco, Sake, Baie de Sake, Ngumba, Kirotshe, Shasha, Kihindo, Kituva et Nyamubingwa aucune présence des poissons flottants n’a été signalée.

Un phénomène, explique l’Observatoire Volcanologique de Goma qui s’est déroulé sur le Lac Kivu couvrant une zone d’environ 50 m à partir de la côte à l’embouchure d’une petite rivière dénommée Kabuno. Celle-ci vient des villages à l’Ouest de la Cité de Minova, traverse la route Goma – Bukavu avant de se jeter dans le Lac. Son embouchure constitue la zone de frayère où les poissons viennent se reproduire.




Selon des personnes consultées par l’OVG, c’est là que les poissons sont morts en nombre incalculable. Un tel phénomène est le premier du genre à Bweremana, mais la troisième fois au niveau de Minova.

« Des échantillons de poisson et d’eau pris à Bweremana et à Minova ont été déposés au Laboratoire Provincial de l’Office Congolais de Contrôle « OCC » pour analyse sur instruction de Son Excellence le Gouverneur Militaire de la Province du Nord-Kivu », poursuit-il.

Pas de mort par gaz

D’autres constats de l’OVG notent que beaucoup de villages parcourus autour du Golfe de Kabuno n’ont pas connu ce phénomène de mort des poissons.

 Seules les agglomérations de Bweremana et Minova ont été affectées par le phénomène. Les poissons flottants ont été observés sur une petite zone limitée à Bweremana et une autre peu plus vaste à Minova. A Minova, le phénomène s’est déroulé dans une zone de frayère à l’embouchure de la rivière Kabuno.

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Pour le Rapport consulté par le groupe La Prunelle RDC, le fait que les poissons aient été observés sur une petite zone limitée laisse écarter l’idée de la mort de ces poissons par le gaz carbonique.




 Selon le rapport préliminaire de l’OCC, les poissons présentent les yeux exophtalmiques bien ressortis dans les orbites, les branchies décolorées (de couleur brune-pale) au lieu de rouge vive ainsi que le ramollissement quasi total du tractus digestif.

« Ce qui révèle des signes de caractéristiques d’intoxication. Le potentiel Hydrogène (pH) des eaux échantillonnées est légèrement basique et les valeurs se situent entre 7,33 et 7,56. Aucune odeur caractéristique rappelant un produit de contamination n’a été révélée ».

Poissons morts par intoxication dont les produits restent à déterminer

En conclusion, l’Observatoire Volcanologique de Goma est formel : les observations visuelles, les interviews menées ainsi que les analyses de Laboratoire à l’Office Congolais de Contrôle (OCC), convergent tous vers une conclusion qui montre que les poissons morts dans les eaux du Golfe de Kabuno ont été intoxiqués.

« L’idée des gaz (carbonique, méthane, sulfure d’hydrogène, …) reste à écarter parmi les causes de la mort des poissons. S’il en était ainsi, même les gens qui ramassaient les poissons pouvaient être affectés. Il reste donc à déterminer les produits qui ont réellement causé la mort de ces poissons en effectuant des investigations plus approfondies », dit Célestin Kasereka Mahinda, son Directeur Scientifique.




Dans le rapport partiel envoyé à l’OVG, l’Office Congolais de Contrôle (OCC) note que le produit toxique en cause a été fortement dilué par les eaux du lac qu’il n’a pas été identifié au laboratoire. 

« Une enquête complémentaire sur terrain devra être effectuée dans les meilleurs délais en vue d’éliminer les hypothèses suivantes :  la contamination de la baie par la rivière Kabuno qui traverse les champs de cultivateurs qui utiliseraient en amont des produits phytosanitaires, la contamination par des produits nocifs jetés dans la baie à partir du marché et de la cité de Minova ou encore la mauvaise pratique par certains inciviques qui utiliseraient certains produits pouvant entrainer la mortalité de poissons en masse ».

Claudine Kitumaini

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