PNKB : Hommage à Antoine Bakongo, « la boussole naturelle » du Kahuzi-Biega

Antoine Bakongo
Antoine Bakongo

« Quand un ancien s’éteint, c’est une bibliothèque qui brûle. » Ce proverbe africain prend tout son sens au Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB), endeuillé par la disparition d’Antoine Bakongo Lushombo. Décédé le 25 septembre 2025 après une courte maladie, ce pionnier de la conservation sera inhumé ce 1er octobre.

Issu de la communauté autochtone Bambuti de Kabare (Sud-Kivu), Antoine Bakongo avait rejoint le tout premier groupe de pisteurs du PNKB en 1975, seulement cinq ans après la création du Parc. Sous la direction du conservateur Mushenzi et aux côtés du chercheur Germain Mankoto, il s’est distingué par sa maîtrise du terrain et son dévouement, au point d’hériter d’un surnom resté dans les mémoires : « la boussole naturelle ».

« Le vieux maîtrisait la forêt. Toujours à l’heure, toujours présent », confient avec respect ses jeunes collègues. Même à un âge avancé, après près d’un demi-siècle de service, Bakongo continuait de remplir sa mission avec une fidélité et une ponctualité remarquables.

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Pendant cinquante ans, il fut l’ombre bienveillante des familles de gorilles des plaines de l’Est. Il a suivi, localisé et protégé des individus légendaires comme Mubalama, Maheshe, Mugaruka, Chimanuka, Nindja, Langa, Birindwa, Nabanga, Mishebere, Cibulula, Mpungwe, Nabirembo ou encore Bonane. Son savoir-faire a non seulement contribué à la protection, mais aussi à l’avancée de la recherche scientifique.

Il a collaboré avec le regretté Professeur Augustin Basabose (Primate Expertise), accompagné les travaux des Gorilla Doctors, et facilité des études déterminantes pour la survie des gorilles. « Je connais Bakongo depuis 1983. Nous étions toujours ensemble chez les gorilles ; moi, lui, Chimanuka et Pili Pili », se souvient Carlos Schuler, ancien directeur du PNKB.

Mais Bakongo n’était pas seulement un pisteur exceptionnel. Il fut aussi un passeur de savoir, transmettant aux nouvelles générations de gardiens de la forêt une connaissance unique, héritée à la fois de sa communauté et de sa longue expérience.

Mari, père et grand-père, Antoine Bakongo laisse derrière lui un vide immense, tant au sein du PNKB que dans sa communauté. Pour beaucoup, il restera à jamais une icône de la conservation, un homme dont la sagesse et le cœur battaient au rythme de la forêt.

Bakongo Lushombo, la Boussole naturelle du Kahuzi-Biega, s’est éteint. Mais son héritage – des gorilles toujours libres et un savoir transmis – vivra éternellement.

Abdallah Mapenzi

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