RDC : Ouverture d’une enquête contre la société minière CDM après le déversement d’eaux usées à Lubumbashi

une mine de cobalt au Katanga ph. tiers

Le Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Guillaume Ngefa, a instruit le Procureur Général près la Cour de Cassation d’ouvrir immédiatement une enquête judiciaire contre l’entreprise minière Congo Dongfang Mining (CDM). Cette décision intervient après le déversement d’eaux usées survenu le 4 novembre 2025 dans le quartier Kassapa, commune Annexe à Lubumbashi, un incident qui a provoqué une importante catastrophe naturelle

Selon un communiqué parvenu à La Prunelle ce 20 novembre, le ministre précise que le déversement avait causé de graves inondations des routes, habitations, rivières et du marché « Moïse ».

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« Cet incident a exposé les populations à des risques sanitaires immédiats et provoqué une pollution environnementale significative. Une procédure judiciaire sera engagée pour identifier les responsables et appliquer les sanctions prévues par la loi », avertit Guillaume Ngefa.

Le Ministre rappelle que la sécurité des populations et la protection de l’environnement demeurent des priorités absolues du Gouvernement.

Interrogé sur les risques sanitaires, le Professeur Masilya Mulungula Pascal, du département de biologie à l’Institut Supérieur Pédagogique (ISP), explique que les eaux déversées peuvent être 20 à 300 fois plus acides que les pluies acides. Une acidité suffisante pour brûler la peau humaine et exterminer poissons et vie aquatique.

Des études menées sur ce type de pollution indiquent que ces eaux peuvent provoquer de nombreuses maladies comme les intoxications chimiques, l’acidose métabolique, les troubles digestifs, l’intoxication hépatique, la cirrhose du foie, la pneumonie, la diminution du quotient intellectuel des enfants, les problèmes neurologiques, les palpitations, ou encore les hallucinations.

Le Professeur Masilya avertit également que les femmes pratiquant des bains intimes avec cette eau risquent une destruction des muqueuses des voies génitales (vagin, utérus…) ainsi que des irritations sévères.

Selon ce biologiste, les espèces aquatiques subissent également des effets majeurs : perturbation des fonctions métaboliques, altération de la morphologie, baisse de la reproduction et de la croissance.

Il rappelle une étude menée dans les rivières Kalazi et Nyantende, dans la chefferie de Mwenga, contaminées par les eaux polluées du site minier artisanal de Mukungwe, surnommé « Maroc ».

Résultat : dans les zones touchées, aucune forme de vie animale visible, même parmi les organismes réputés les plus résistants à la pollution.

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Le Professeur Masilya recommande à la population du Sud-Kivu, particulièrement celle vivant près des sites miniers, de faire preuve de vigilance et de s’approvisionner exclusivement en eau issue de sources ou rivières aménagées et éloignées des zones d’exploitation.

Il appelle les autorités politiques à obliger les exploitants miniers titulaires de permis à respecter les normes et lois en vigueur afin d’éviter d’exposer les populations.

« Tout en cherchant leur intérêt, qu’elles veillent au respect des mesures et normes environnementales d’exploitation des minerais », conclut-il.

Suzanne Baleke

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