Le 1er Juillet 2024, à 10 heures 10, de Bukavu, Bahati, un citoyen de l’un des quartiers, croise un jeune garçon d’environ 14 ans qui semble perdu et ne parle visiblement pas couramment Swahili. Sur la route près de la paroisse de Kadutu, le garçon prétend chercher le bureau du PAM (Programme Alimentaire Mondial). « Bureau bya PAM », dit-il. Il explique qu’un colis de grande valeur, prétendument tombé d’un véhicule du PAM, est en sa possession et qu’on lui a promis une récompense pour le ramassage.
À ce moment-là, un motard surgit et feint la surprise. En réalité, il fait partie de l’équipe d’escrocs. Le garçon montre alors le colis, avec une étiquette en lettres majuscules annonçant : « 100% diamant, vendable partout au monde, valeur : 100.000 USD ». Le motard, feignant l’émerveillement, tente de convaincre Bahati que le colis est une vraie fortune.
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Séduit par la valeur affichée et croyant avoir trouvé une opportunité en or, Bahati accepte de suivre le motard et le garçon. Ils le conduisent de la paroisse de Kadutu à Ciriri, prétendument pour échapper à la curiosité des passants qui pourraient s’intéresser au précieux colis.
Pour parfaire l’escroquerie, le motard contacte un faux représentant de CONGOCOM, une entreprise minière, qui confirme au téléphone que le colis est bien composé de diamants authentiques et que Bahati peut se rendre au bureau de l’entreprise pour récupérer l’argent promis. En réalité, le prétendu gérant fait partie des complices du motard.
On demande alors à Bahati de fournir un gage avant de recevoir l’argent. Il laisse ses effets personnels – un ordinateur, deux téléphones et des cartes mémoires – et dépose le prétendu diamant. Le motard lui dit qu’il doit attendre un moment pendant que l’équipe dépose le garçon et qu’ils iront ensuite récupérer l’argent ensemble.
Lorsque Bahati se réveille, il découvre qu’il a été dupé. Les numéros de téléphone laissés ne répondent plus, et l’enveloppe contenant le « diamant » révèle en réalité un morceau de bougie. En cherchant à vérifier la transaction chez CONGOCOM, il apprend que personne n’a jamais entendu parler d’un tel échange et que l’entreprise n’a jamais eu de communications avec lui.
L’escroquerie s’avère alors complète, laissant Bahati dans le désarroi et dépouillé de ses biens
Bahati n’est pas le premier à tomber dans le piège de ces escrocs. En réalité, cette arnaque sévit depuis des décennies dans la ville. Bien que le phénomène soit bien connu, de nombreuses personnes continuent de se faire avoir par ces escrocs. Ces escrocs prétendent avoir des colis à amener à des bureaux des organismes internationaux comme le PAM, UNICEF, etc.
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Cette semaine, à partir du 12 août, une nouvelle vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montre un autre homme se plaignant d’avoir été dupé par ces vendeurs de faux diamants. Comme d’autres victimes, le jeune homme a été séduit par la prétendue valeur des pierres avant de se rendre compte qu’il avait été trompé et avait perdu 220 000 francs congolais. En réalité, il s’est retrouvé avec une simple pile « crayon » dans l’enveloppe que les escrocs lui ont laissée.
À Bukavu, les habitants se demandent pourquoi ces escrocs continuent d’opérer impunément depuis tant d’années sans que les services de sécurité ne réagissent. Les résidents sont constamment avertis de se méfier face à cette situation qui a laissé de nombreuses victimes. Les acteurs sociaux encouragent la population à être prudente, soulignant que des propositions apparemment simples peuvent en réalité représenter de graves menaces pour leurs économies.
Jean-Luc M.