Masisi : les habitants de Nzulo dénoncent une campagne de « désinformation » menée par l’ICCN

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La communauté locale de Nzulo souhaite informer l’opinion nationale et internationale sur une campagne qu’elle qualifie de « désinformation » menée par l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN). L’ICCN a en effet lancé, depuis le week-end dernier, une campagne dénommée « Nzulo n’est pas à vendre ».

Selon l’ICCN, cette campagne vise à sensibiliser les habitants sur le fait que les terres de Nzulo font partie intégrante du Parc National des Virunga.

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En réaction, lors d’un point de presse tenu ce lundi 29 octobre 2024, les habitants de Nzulo affirment que cette initiative est une « manœuvre » destinée à justifier les fonds que l’ICCN reçoit de ses partenaires, notamment l’USAID.

D’après eux, aucune partie de Nzulo n’appartient au Parc des Virunga, et ils soulignent qu’une décision de justice leur a donné raison contre l’État congolais.

« Ayant échoué dans toutes les voies judiciaires à Goma comme à Kalemie, l’ICCN abandonne la voie légale et tente de tromper la population en installant des pancartes. Nous nous demandons comment une pancarte peut déposséder une population de ses droits, et comment elle pourrait contredire des décisions de justice. Nous considérons cela comme une manœuvre dilatoire de l’ICCN pour désinformer le public et justifier les fonds qu’elle reçoit de ses partenaires », a déclaré Me Justin Kakese, l’un des avocats des habitants de Nzulo.

Me Kakese ajoute que ces tentatives de désinformation sont orchestrées par certains membres de l’ICCN qui, après des échecs devant les instances judiciaires, se retrouvent dans l’obligation de justifier l’utilisation des fonds perçus.

« La localité de Nzulo n’a jamais fait partie du Parc des Virunga. Nos droits sont basés sur l’acte de 1945 concernant les terres indigènes. Les pancartes ne peuvent en aucun cas déposséder quelqu’un de ses droits. S’ils avaient des preuves, ils auraient pu continuer devant la justice, car nos droits y sont reconnus », a-t-il affirmé.

Pour M. Courage Kanane Bikanaba, notable de Nzulo, l’affaire est déjà close devant les tribunaux et une décision judiciaire existe.

« Aucune décision de justice n’a ordonné le déguerpissement de la population de Nzulo de ses terres. Nous pensons que l’ICCN utilise cette campagne uniquement pour obtenir des fonds de ses partenaires. Nos populations vivent en paix chez elles », a-t-il déclaré.

De son côté, la société civile du groupement Kamurhonza indique que cette campagne constitue une tromperie et affirme mener des démarches pour contrer la désinformation de l’ICCN et informer correctement l’opinion publique.

« Nous sommes sereins et prêts à fournir des informations pour limiter la propagation de fausses nouvelles », a souligné Léopold Mwisha, président de la société civile du groupement Kamurhonza. L’ICCN, contacté pour sa version des faits, a promis de réagir dans les jours à venir.

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Pour rappel, c’est au début des années 1990, en raison de la forte insécurité dans la province du Nord-Kivu, que le Parc National des Virunga a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril.

Créé en 1925, le parc a été géré par diverses structures jusqu’à ce qu’il soit placé sous la gestion de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) en 1997.

Chargé de la protection de la faune et de la flore en RDC, l’ICCN fait face depuis plusieurs années à des conflits récurrents, tant avec les populations autochtones qu’avec les communautés riveraines, concernant la délimitation des parcs, des conflits ayant déjà entraîné des pertes humaines.

Freddy Ruvunangiza, depuis Goma

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