RDC : des acteurs du climat plaident pour une implication accrue des communautés et des parties prenantes

Lancement de la première Semaine Nationale du Climat
Lancement de la première Semaine Nationale du Climat

À l’occasion de la première Semaine nationale du climat tenue du lundi 27 au jeudi 30 octobre 2025 à Kinshasa, plusieurs acteurs environnementaux appellent à une implication plus forte des parties prenantes et des communautés locales dans la lutte contre le changement climatique en République Démocratique du Congo. Contactés par La Prunelle RDC ce mercredi 29 octobre, John Tsongo, activiste environnemental, et Denise Kavira Kyalwahi, coordinatrice du Forum local des jeunes pour le climat CASSANDRA RDC, ont partagé leurs analyses et recommandations.

John Tsongo : « La réussite des actions climatiques passe par l’implication de tous »

Pour John Tsongo, la réussite de toute action climatique en RDC dépend avant tout d’une participation réelle et inclusive de toutes les parties prenantes, notamment les communautés locales et autochtones, les scientifiques, la société civile, les journalistes et les activistes.

« Une telle rencontre devrait réunir toutes les voix — scientifiques, société civile, peuples autochtones, journalistes environnementaux. Ensemble, ils doivent constituer un cahier des charges pour que la RDC pèse de tout son poids sur la scène climatique mondiale », déclare-t-il.

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Selon lui, la communication constitue la première ligne d’action : les médias traditionnels, numériques ou communautaires doivent être au cœur de la vulgarisation du message environnemental.

« Les médias doivent montrer d’abord l’importance de nos forêts, ensuite ce qu’elles nous apportent, et enfin comment les protéger pour les générations présentes et futures », insiste l’activiste.

Il plaide pour une sensibilisation fondée sur des contenus concrets et positifs, reliant la protection des forêts au bien-être des populations congolaises.

La deuxième priorité, selon lui, est le rapprochement entre les décideurs et les communautés locales. Les peuples autochtones, gardiens séculaires des forêts, doivent être placés au cœur des politiques environnementales.

« Il faut fédérer les forces — ministères, activistes, experts — pour aller vers ces communautés, comprendre leurs besoins et leur montrer que la protection des forêts leur profite directement », souligne Tsongo.

Il appelle à transformer les discours en actions concrètes : désenclaver les zones forestières, construire des écoles et hôpitaux, développer des industries vertes et créer des emplois locaux pour les populations autochtones.

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La RDC tire déjà des revenus substantiels de la vente des crédits carbone, mais John Tsongo appelle à une gestion transparente et équitable de ces fonds.

« Les dividendes issus des forêts doivent servir à financer des projets durables — routes, écoles, universités, centrales hydroélectriques — afin de renforcer la confiance entre l’État et les communautés », plaide-t-il.

Pour lui, seule une politique climatique nationale inclusive et portée par l’ensemble des citoyens permettra à la RDC de s’imposer comme un “pays solution” dans la lutte mondiale contre le changement climatique.

Denise Kavira : « Mobilisons-nous pour protéger nos forêts »

De son côté, Denise Kavira Kyalwahi, coordonnatrice du Forum local des jeunes pour le climat CASSANDRA RDC, a lancé un appel à la mobilisation générale.

« La Semaine nationale du climat est ouverte à tous les partisans de l’environnement. C’est le moment d’échanger pour comprendre comment protéger les forêts de la RDC et trouver des solutions aux défis environnementaux mondiaux », déclare-t-elle.

Elle appelle particulièrement les jeunes à s’engager dans la dynamique du Couloir vert, un concept qui, selon elle, concerne l’ensemble du pays et non seulement Kinshasa.

« Nous avons besoin de jeunes passionnés par l’environnement pour impulser le changement », souligne Kavira.

Les femmes et les peuples autochtones au cœur de la transition écologique

Denise Kavira rappelle également que les femmes sont parmi les premières victimes du changement climatique.

« Ce sont elles qui parcourent de longues distances pour chercher de l’eau ou du bois, s’exposant ainsi à des violences. Il faut qu’elles comprennent que le déboisement entraîne des problèmes climatiques qui les affectent directement », alerte-t-elle.

Pour garantir la durabilité des actions, elle propose la création d’une structure de concertation chargée de recueillir les idées et pratiques traditionnelles des communautés locales et des peuples autochtones.

« Les peuples autochtones ont leur manière traditionnelle de préserver les forêts, et les communautés locales ont aussi la leur. Ces deux approches doivent être prises en compte », plaide-t-elle.

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Vers une gouvernance environnementale exemplaire ?

Les appels de John Tsongo et Denise Kavira sonnent comme un rappel : la RDC ne doit pas seulement être le “poumon vert du monde”, mais aussi le cœur d’une gouvernance environnementale exemplaire. En mobilisant l’État, la société civile, les jeunes, les femmes, les médias et les peuples autochtones, le pays pourrait transformer son immense patrimoine forestier en un levier de développement durable et de justice climatique.

Edith Kazamwali

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