La mauvaise gestion des déchets plastiques et ménagers continue de menacer la ville de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu. Malgré les campagnes de sensibilisation, ces déchets obstruent les caniveaux, envahissent les collecteurs et atteignent le lac Kivu, affectant directement la Société Nationale d’Électricité (SNEL), l’écosystème et la santé des habitants.
Ce jeudi 2 octobre, la SNEL a lancé une opération de collecte et de nettoyage du bassin de la centrale Ruzizi Ier pour évacuer les immondices et prévenir les risques durant la saison des pluies. L’entreprise publique alerte sur le danger d’endommagement de ses installations, mais aussi sur la perturbation possible de la desserte en électricité pour Bukavu, plusieurs territoires du Sud-Kivu et la ville de Goma.
Selon la société, les déchets jetés dans les caniveaux finissent par atteindre le lac Kivu, puis la rivière Ruzizi, obstruant les turbines et réduisant la production d’électricité. Ces blocages entraînent la perte de mégawatts, l’arrêt de turbines et une baisse sensible du courant disponible pour les usagers.
Dans la commune de Kadutu, le collecteur dit « Gahwa », transformé en véritable dépotoir, illustre ce calvaire. Chaque saison pluvieuse, la rivière déborde, envahissant la chaussée, notamment à la place de l’Indépendance. Ce phénomène, devenu routinier pour de nombreux ménages, traduit l’absence d’une solution durable pour l’évacuation des déchets.
Alors qu’ailleurs les déchets constituent une ressource – transformés en pavés pour les routes et sources d’emploi pour les jeunes – à Bukavu ils s’accumulent depuis des années dans le lac Kivu. L’absence de politique de gestion durable prive la population d’une filière économique porteuse.
Certaines organisations locales se limitent à des collectes symboliques lors des journées mondiales de l’environnement. Pourtant, des experts environnementalistes proposent depuis longtemps des stratégies efficaces qui restent inappliquées par les autorités et la population.
Face à ce fléau, les observateurs appellent à la mise en place d’une politique environnementale claire et durable, à des campagnes de sensibilisation soutenues et à la transformation industrielle des déchets. Une mobilisation collective apparaît désormais indispensable pour protéger le lac Kivu, préserver les installations de la SNEL et garantir un avenir plus sûr aux habitants.