Glissement de terrain à Buhozi (Sud-Kivu) : le CIRRiNA et le CRSN Lwiro alertent sur un risque imminent !

glissement de terrain dans e village Buhozi en province du Sud-kivu

Le consortium composé du Centre d’Information et de Recherche sur le Risque d’origine Naturelle (CIRRiNA) et le Centre de Recherche en Sciences Naturelles (CRSN) Lwiro demande au gouvernement d’organiser de manière coordonnée et urgente la délocalisation de la population de la zone affectée par le glissement de terrain de Luhore en contact avec la rivière Kamagema.

Cette recommandation et d’autres ont été faites ce 5 mars 2024 au cours d’un atelier de présentation de résultat des recherches effectuées sur le terrain.

Selon ce consortium, le risque est imminent.

Il annonce que les fractures observées à Buhozi dans la zone proche de la rivière Kamagema sont, en effet, des traces d’activité d’un glissement rotationnel en cours.

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Dans cet atelier, ces chercheurs du CIRRiNNA et du CRSN Lwiro expliquent que le glissement du 23 février 2024 dans la gorge de la Ruzizi était une activité d’un ancien glissement de terrain qui était déjà identifié comme actif récemment.

Ce glissement a réellement créé un barrage dans la rivière. Cet incident a créé une carence d’eau à la centrale hydroélectrique Ruzizi II mais le barrage a été progressivement érodé/incisé et a causé la diminution du niveau d’eau dans la zone inondée en amont. 

Ces chercheurs expliquent que la grande phase d’incision a déplacé une quantité des sédiments, des débris végétaux et de la boue qui avait affecté le fonctionnement de la centrale pendant quelques heures.

Ils ajoutent que l’état de ces deux glissements de terrain (Ruzizi et Luhore) montre bien qu’ils ne sont pas encore dans un stade de stabilité. 

« Une activité dans ces derniers jours peut toujours advenir. Les observations de terrain n’ont rien montré si les deux activités de ces glissements de terrain sont liées l’une à l’autre », disent-ils.

Toussaint  Bibentyo l’un des chercheurs de CIRRiNA ajoute que la dynamique de la rivière Kamagema, la nature du sol, les précipitations et les changements d’occupation et d’utilisation du sol auraient interagi pour influencer le glissement de terrain de Luhore à Buhozi.

« Pour l’activité du glissement de terrain sur la rive gauche de la Ruzizi proche de Lukula, les causes sont à rechercher dans la pente, la nature des matériaux affectés et les précipitations ainsi que d’autres facteurs environnementaux qui restent à élucider ».

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Il indique les habitants encore présents dans la zone affectée et ses environs restent sous menace car l’activité du glissement n’est que dans sa phase initiale.

Les autorités devraient prendre en toute urgence des précautions avant que le pire n’arrive.

Ces centres de recherche indiquent qu’une partie de la population a déjà pris l’initiative d’évacuer mais elle semble être abandonnée à son propre sort. 

« Il serait urgent d’identifier et d’apprêter un site de relocalisation en dehors de la zone instable et de déplacer la population menacée vers ce site. La zone affectée par le glissement de terrain doit faire l’objet d’une interdiction formelle d’y ériger des nouvelles maisons même après une période d’instabilité ».

Autre recommandation faite par CIRRiNNA et CRSN Lwiro est de faire respecter et renforcer la réglementation en vigueur en matière d’aménagement du territoire notamment à côté des rivières et des zones instables.

Ils ont aussi demandé d’intensifier des campagnes de terrain par des mesures régulières (télédétection par drone, extensométrie sur les fissures, etc.) afin de quantifier l’activité du glissement de terrain de Luhore à Buhozi.

Ces chercheurs demandent de surveiller régulièrement l’activité du glissement de terrain de la Ruzizi proche de Lukula et le niveau du lac de barrage. 

« En effet, ce lac de barrage constitue un risque majeur lorsqu’il est rempli d’eau en cas d’un nouveau barrage de la rivière et peut céder brusquement », dit Toussaint Bibentyo.

Il démontre clairement que les installations de la centrale hydroélectrique de Ruzizi II et les centres ruraux comme Kamanyola sont sous menace permanente.

« La crue éclair que cette rupture de barrage pourrait générer, atteindrait ces sites à moins de 10 minutes. Avec un manque de système d’alerte, cela peut occasionner de nombreux dommages en aval », alertent ces chercheurs.

Le CIRRiNNA et le CRSN Lwiro demandent de mettre en place une équipe de la gestion de crise sur les deux sites à problème. 

« Il s’agit de la coordination de tous les résultats de recherche scientifique sur les sites et la prise en compte des apports des autorités étatiques et les ONG ».

Ces centres recommandent de porter à la connaissance des tous du caractère urgent de préserver la population locale ou de toute personne de passage sur les sites du caractère et du niveau majeur de risque.

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Charles Kahindo, Recteur de l’Université Officielle de Bukavu est satisfait de cette réalisation de ces chercheurs.

D’ailleurs, il félicite les efforts fournis entre les deux centres d’avoir travaillé en duo pour la production de ces résultats réfléchis qui sont le fruit même de cette recherche. A ce sujet, il invite les personnes de bonne volonté à appuyer ces deux centres pour un travail de qualité.

 Suzanne Baleke

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